La difficulté d’apprentissage du vocabulaire de spécialité à l’école : Le cas des verbes opaques

Nous avons le plaisir de vous annoncer la parution du dernier article de Núria Gala et Marie-Noëlle Roubaud, deux enseignantes-chercheuses AMU au LPL, en collaboration avec Ludivine Javourey-Drevet du SCALab (Villeneuve d’Ascq) dans la revue « Lexique » :

Référence : Núria Gala, Marie-Noëlle Roubaud, Ludivine Javourey-Drevet. La difficulté d’apprentissage du vocabulaire de spécialité à l’école : le cas des verbes opaques. Lexique, Juillet 2024, 34. ⟨hal-04580153⟩

Article en texte intégral : https://www.peren-revues.fr/lexique/1727

Résumé :
Dans le but de mettre en lumière les lacunes dans les connaissances du vocabulaire spécifique aux textes de spécialité, nous analyserons dans cet article une série de verbes opaques (polysémiques, fréquents dans les manuels d’histoire et de sciences) et nous dresserons un bilan des connaissances lexicales d’un ensemble de 219 enfants de cours moyen (9 à 11 ans) questionnés dans différentes écoles de France. Nous montrerons, par ailleurs, quelles sont les stratégies utilisées par les élèves pour répondre à la consigne proposée : écrire une phrase avec un verbe donné hors contexte.

 

Crédits d’image : Drazen Zigic sur Freepik

 

Un demi-siècle de recherche sur la prosodie de la parole à Aix-en-Provence

Le CNRS SHS met en avant dans sa rubrique « Librarie » le dernier ouvrage écrit par Daniel Hirst, Directeur de Recherche Emérite au Laboratoire Parole et Langage, et publié en juin dernier chez Springer : « Speech Prosody: From Acoustics to Interpretation ».

Co-fondateur de SProSIG en 2000, un groupe international pour l’étude de la prosodie de la parole sous la tutelle d’ISCA et IPA, et organisateur du premier congrès international sur la prosodie en 2002 (devenu « Speech Prosody »), l’auteur y présente une vision personnelle de la prosodie de la parole en général et plus particulièrement des différents thèmes auxquels il s’est intéressé depuis plusieurs décennies. Parmi les sujets abordés, on trouvera la description acoustique de la prosodie, sa transcription, la relation entre la prosodie lexicale et la prosodie non-lexicale, la nature de la structure prosodique, la phonologie de la prosodie, la modélisation du rythme et de la mélodie de la parole et la question centrale des façons variées et parfois assez mystérieuses par lesquelles la prosodie contribue à l’interprétation des énoncés. Dans son dernier chapitre, Daniel Hirst décrit les directions qui, à son avis, seront les plus productives et fructueuses pour des recherches futures sur la prosodie de la parole.

Référence : Daniel Hirst. Speech Prosody: From Acoustics to Interpretation. Springer Verlag, Berlin. Juin 2024. https://link.springer.com/book/9783642407710

Nouvel article dans “Language, Cognition and Neuroscience”

Grâce à une étude électroencéphalographique, deux chercheuses CNRS du LPL ont montré que, chez les francophones natifs, une différence accentuelle sur le mot isolé n’a aucun impact sur sa reconnaissance. Ce résultait suggère que, pour ces locuteurs, les indices acoustiques liés à l’accentuation sont traités comme du bruit et sont balayés du signal de parole durant le processus de reconnaissance des mots.

Référence : Dufour, Sophie & Michelas, Amandine (2024). Does a mismatch on the accentual pattern of French words affect the magnitude of the repetition priming effect? An ERP investigation. Language, Cognition and Neuroscience, 1-8.

L’article sur HAL : https://hal.science/hal-04601476
(Sous embargo jusqu'à fin 2024)

 

Crédits : Pixabay / GDJ

 

Un modèle neuro-cognitif du langage fondé sur la prédiction et l’unification

Nous sommes heureux d’annoncer la parution du dernier article de Philippe Blache, chercheur CNRS au LPL, dans la revue Frontiers in Human Neuroscience, portant sur le modèle langagier abordé également lors de la conférence tenue au Collège de France en février dernier :

Référence : Philippe Blache. A neuro-cognitive model of comprehension based on prediction and unification. Frontiers in Human Neuroscience, 2024, 18.  

Article en texte intégral : https://doi.org/10.3389/fnhum.2024.1356541

Résumé :
Le langage n’est pas une addition de différents traitements, fussent-ils parallèles. Il est le produit de l’interaction entre différentes sources d’informations résultant en un mécanisme non linéaire qui quelquefois assemble de façon incrémentale et compositionnelle des structures de relativement bas niveau (typiquement les mots), et d’autres fois intègre directement des blocs entiers d’information, facilitant ainsi l’accès au sens et plus généralement le traitement. Je présente dans cet article les bases d’un modèle intégrant ce double mouvement en s’appuyant sur deux mécanismes fondamentaux en linguistique computationnelle et cognitive : la prédiction et l’unification. Cette architecture explique la place des mécanismes de facilitation, toujours à l’œuvre dans le langage, au sein d’une approche incrémentale classique.

Crédits : Ph. Blache

Décodage phonologique et décomposition morpho-orthographique : les voies complémentaires de l’apprentissage de la lecture

Nous avons le plaisir d’annoncer la publication par Brice Brossette – en tant que premier auteur et en collaboration avec d’autres chercheurs – d’un nouvel article dans la revue Journal of Experimental Child Psychology : Phonological Decoding and Morpho-Orthographic Decomposition: Complementary Routes During Learning to Read.

Brice est post-doctorant au LPL dans le cadre du projet DREAM financé par AMPIRIC visant à mieux comprendre les facteurs d’exposition à l’écrit des enfants au cours préparatoire (CP) afin de développer un programme de recommandations personnalisées pour l’apprentissage de la lecture. Ce projet est coordonné avec Stéphanie Ducrot (LPL/CNRS).

Référence : Brice Brossette, Élise Lefèvre, Elisabeth Beyersmann, Eddy Cavalli, Jonathan Grainger, Bernard Lété. Phonological Decoding and Morpho-Orthographic Decomposition: Complementary Routes During Learning to Read. Journal of Experimental Child Psychology, 2024, 242, ⟨10.31234/osf.io/qeynj⟩⟨hal-04421017v2⟩

Article en texte intégral : https://hal.science/hal-04421017v2

Résumé :
L'un des défis majeurs de l'apprentissage de la lecture réside dans la transition d'une lecture lente et séquentielle à une lecture rapide, parallèle et automatique. Au cours des premiers mois de cet apprentissage, les élèves acquièrent une première stratégie de lecture, nommée décodage. Cette stratégie implique l'apprentissage des correspondances entre les lettres et les sons pour reconnaître la forme sonore des mots connus de l’élève. Lorsqu'ils utilisent le décodage, les élèves ont souvent tendance à considérer à tort des mots qui sont phonologiquement valides, mais orthographiquement invalides comme étant de vrais mots (par exemple, « roze »). Cette propension, désignée sous le nom d'effet pseudo-homophone, diminue à mesure que l'enfant acquiert de l'expertise et développe une nouvelle stratégie de reconnaissance des mots écrits qui ne dépend plus d'une médiation phonologique. En outre, cette nouvelle stratégie présente l'avantage de s'adapter aux régularités de la langue écrite, notamment aux régularités morpho-orthographiques. Cette caractéristique se manifeste chez les élèves par une tendance croissante à considérer à tort qu'un pseudo-mot morphologiquement valide (par exemple, « visageable ») est un vrai mot par rapport à un pseudo-mot morphologiquement invalide (par exemple, « visagealle »). Cette tendance est désignée sous le nom d'effet d'interférence morphologique. Alors que les recherches antérieures ont abordé ces deux effets de manière distincte, la présente étude propose d'analyser l'évolution de ces deux phénomènes chez des enfants, du CP au CM2. Nos résultats dévoilent pour la première fois les trajectoires croisées des effets pseudo-homophone et d'interférence morphologique, confirmant ainsi les conclusions des études ayant examiné ces effets de manière séparée.

Photo de Michał Parzuchowski sur Unsplash

Quel rôle joue la neurofibromatose de type 1 sur l’apprentissage de la lecture ?

Nous avons le plaisir de vous annoncer la publication du dernier article réalisé par Marie Vernet (neuropsychologue et anc. doctorante du LPL), Stéphanie Ducrot (chercheuse CNRS au LPL) et Yves Chaix (Tonic, CHU Toulouse) qui comporte une revue systématique sur les déficits du traitement visuel dans la neurofibromatose de type 1 et l’impact sur l’apprentissage de la lecture.

Il fait suite à l’étude « The determinants of saccade targeting strategy in neurodevelopmental disorders: The influence of suboptimal reading experience » parue en 2023 dans la revue Vision Research.

Référence : Marie Vernet, Stéphanie Ducrot, Yves Chaix. A systematic review on visual-processing deficits in Neurofibromatosis type 1: what possible impact on learning to read?. Developmental Neuropsychology, 2024

Site de l’éditeur : https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/87565641.2024.2326151
Article sur HAL en texte intégral : https://hal.science/hal-04504105

Résumé :
La neurofibromatose de type 1 (NF1) est une maladie neurogénétique dans laquelle près de la moitié des enfants présentent des déficits de lecture. La compréhension du profil neurocognitif associé à ces difficultés constitue un enjeu majeur afin de pouvoir dépister et prendre en charge précocement les enfants atteints de cette maladie.
Si les composantes linguistiques ont été largement explorées, très peu d’études se sont intéressées à l’implication des processus visuo-perceptifs et visuo-attentionnels dans la genèse des difficultés de lecture fréquemment rencontrées par ces enfants. Pourtant, dans la dyslexie développementale, des difficultés dans le développement et le contrôle de ces processus ont été mises en lien avec les difficultés de lecture (voir Bellocchi & Ducrot, 2021).
Dans ce contexte, cette revue systématique visait à examiner la littérature sur les traitements visuels (perceptifs, visuo-attentionnels et impliqués dans le contrôle oculaire) chez les enfants atteints de NF1, et d'étudier leur impact possible sur le processus d'apprentissage de la lecture dans cette population. En utilisant les directives méthodologiques PRISMA, cette revue a examiné 45 études qui répondaient aux critères de sélection. Les résultats ont révélé que la plupart des études faisaient état de difficultés de traitement  perceptifs et visuo-attentionnels chez les enfants atteints de cette maladie et, plus spécifiquement, chez ceux qui présentent un déficit de lecture.
Cette revue fournit une discussion détaillée sur la relation entre ces processus visuels atypiques et la forte prévalence des déficits de lecture dans cette population. Ces résultats ouvrent nouvelles perspectives de recherche et d’applications cliniques visant à améliorer le parcours de soins de ces enfants et à les accompagner au mieux dans leurs apprentissages et leurs parcours scolaires.

Crédits : Les auteurs

La musique comme outil thérapeutique durant la petite enfance

Clément François (chercheur CNRS, LPL) et Solène Pichon (infirmière puéricultrice, CHU de Dijon) viennent de co-signer un chapitre dans le livre « Musique, sciences et santé », collection Nouveaux chemins de santé chez DUNOD et édité par Gérard Mick (Neurologue, Hôpital de Voiron) et Emanuel Bigand (Professeur de psychologie cognitive, LEAD, Dijon) :

Clément François, Solène Pichon. La musique comme outil thérapeutique durant la petite enfance. E. Bigand; G. Mick. Musique, sciences et santé, Dunod, A paraître, Nouveaux chemins de la santé, 9782100800261. ⟨hal-04367008

Lien vers l’article en texte intégral : https://amu.hal.science/LPL-AIX/hal-04367008v1

L’ouvrage « Musique, sciences et santé » se base sur les découvertes récentes en neurosciences de la musique et s’intéresse aux possibles utilisations thérapeutiques qu’elle peut avoir. Source de bien-être, la musique semble ainsi être un facteur de santé et de soins. Ce livre est donc dédié à la formation des professionnels de santé. Le chapitre de Clément et Solène traite des compétences perceptives précoces chez le bébé né à terme afin de mieux comprendre les conséquences d’une naissance prématurée sur ces compétences. En effet, l’environnement auditif sous-optimal qui caractérise les unités de soins intensifs peut interférer avec le développement précoce des régions sensorielles du cerveau au cours d'une période cruciale de plasticité cérébrale. Ce chapitre présente également une revue des quelques études se basant sur des protocoles d’intervention ou de stimulation musicale précoce, mettant un accent particulier sur l’effet de la voix chantée.

Ce texte sera d’ailleurs présent en version plus détaillée dans un Oxford Handbook que Giulia Danielou et Clément François préparent en ce moment pour une parution prévue en 2025.

Photo :  jasmin82 de Pixabay / Illustration : C. François et S. Pichon

Pourquoi percevons-nous les mêmes sons de la même manière ?

Noël Nguyen, Leonardo Lancia et Lena Huttner du LPL viennent de publier en collaboration avec des chercheurs du GIPSA-Lab et LPNC le premier Registered Report paru dans Glossa Psycholinguistics, une revue Fair Open Access en ligne :

Nguyen, N., Lancia, L., Huttner, L., Schwartz, J., & Diard, J. (2024). Listeners' convergence towards an artificial agent in a joint phoneme categorization task. Glossa Psycholinguistics, 3(1). http://dx.doi.org/10.5070/G6011165 

Article en texte intégral : https://escholarship.org/uc/item/0dg0g4kn

 Résumé :

Cet article s'inscrit dans le cadre d'un projet visant à répondre à une question très simple : comment se fait-il que nous percevions les mêmes sons de la même manière ? Dans nos interactions langagières, et pour que nous puissions nous comprendre, il est nécessaire que les sons de la parole soient catégorisés de manière similaire par tous les interlocuteurs. Au sein d'une communauté linguistique, il faut ainsi qu'un accord existe entre les locuteurs sur l'emplacement des frontières entre phonèmes parmi les sons de la parole. Cet accord se fonde, pour une part, sur des conventions sociales. Ces conventions s'établissent à l'échelle d'une communauté entière de locuteurs, mais elles ont nécessairement pour origine première un vaste ensemble d'interactions inter-individuelles. Le projet vise ainsi à étudier de manière expérimentale le rôle des interactions inter-individuelles dans la formation d'un espace perceptif partagé.

Nous présentons les premiers éléments d'un modèle computationnel bayésien, qui fait écho au modèle COSMO des intégrations sensori-motrices dans la communication parlée proposé par Jean-Luc Schwartz, Julien Diard, et leurs collaborateurs. Notre modèle a lui pour but de caractériser les mécanismes employés dans la perception conjointe des sons de la parole, chez deux ou plusieurs auditeurs qui accomplissent ensemble une tâche de catégorisation en interagissant les uns avec les autres. Dans ce modèle, une place centrale est ainsi attribuée aux interactions inter-individuelles, et cela constitue une différence majeure au regard des modèles de la perception de la parole élaborés jusqu'à présent.

L’expérience présentée a porté sur la perception et la catégorisation des sons de la parole en anglais. La tâche se présentait comme un jeu collaboratif dont l’objectif pour l’auditeur et son partenaire est d’accumuler des points ensemble en catégorisant les sons présentés de façon identique. L’expérience a été réalisée en ligne, et s’il était dit à l’auditeur que celui-ci devra réaliser la tâche avec une autre personne, le partenaire était en réalité un agent artificiel, dont nous avons manipulé les réponses de manière à examiner la sensibilité de l’auditeur à ces manipulations.

Ce travail a été réalisé avec le soutien de l'équipe LSD, du LPL, de l'ILCB, et de l'Institut Carnot Cognition.

 

Crédits d’image : Les auteurs

Empathie et bienveillance au cœur de l’apprenance

Nous avons le plaisir de vous annoncer la sortie de l’ouvrage « Empathie et bienveillance au cœur de l'apprenance » co-édité par Sandrine Eschenauer (LPL/AMU/INSPE) avec Joëlle Aden (IMAGER/UPEC) et Emmanuelle Maitre de Pembroke (LIRTES/UPEC/INSPE).

Référence : Joëlle Aden, Sandrine Eschenauer, Emmanuelle Maitre de Pembroke. Empathie et bienveillance au cœur de l'apprenance. Ed. Le Manuscrit, 2023, collection Langues et langages du Vivant. ⟨hal-04332737⟩

Lien vers la page de l’éditeur : https://lemanuscrit.fr/livres/empathie-et-bienveillance-au-coeur-de-lapprenance/

 

Il comprend plusieurs textes sélectionnés parmi les actes du colloque sur les notions d’empathie et de bienveillance en éducation et formation qui s’est tenu à l’université Paris-Est Créteil en 2019.

Par ailleurs, la prochaine édition du colloque sur l’empathie aura lieu cette année du 5 au 7 juin à Aix-en-Provence et sera consacrée aux « Espaces sensibles: approches performatives pour une éducation inclusive de l'école à l'université » (Ouverture des inscriptions en février 2024).

 

Projet CELAVIE : Emotions et créativité en performance théâtrale pour mieux communiquer
Crédits : Projet CELAVIE

En ce qui concerne spécifiquement l’approche « performative théâtrale », plusieurs chercheurs du LPL ont contribué à la publication de l'article portant sur des résultats préliminaires de l'étude « CELAVIE : Créativité, Empathie et apprentissage des Langues Vivantes à l’Ecole en classe ordinaire » portée par Sandrine Eschenauer :

Référence : Sandrine Eschenauer, Raphaële Tsao, Thierry Legou, Marion Tellier, Carine André, Isabelle Brugnoli, Anne Tortel, Aurélie Pasquier. Performing for Better Communication: Creativity, Cognitive-Emotional Skills and Embodied Language in Primary Schools. Journal of Intelligence, 2023, Special Issue Emotional Intelligence and Creativity, 11 (7), pp.140.

Liens vers l’article intégral : https://doi.org/10.3390/jintelligence11070140  / https://hal.science/hal-04164630