L’art de la conversation… ou “La complexe mécanique de la conversation ordinaire”

Roxane Bertrand et Noël Nguyen, tous deux enseignants-chercheurs du LPL, viennent de publier un article dans "The Conversation" qui propose un éclairage sur les mécanismes et les pratiques de la conversation orale.

>> Lien vers l'article sur The Conversation France
Résumé :

La conversation est à la base de nos interactions sociales. Elle sous-tend la formation de notre identité en tant que sujet, l’émergence et le maintien des liens sociaux, et c’est par elle que les bébés entrent dans le langage. Elle est une construction conjointement élaborée par les participants, selon des règles précises qui en conditionnent la réussite ou l'échec, et que chacun respecte sans les avoir jamais apprises de manière explicite. Voici un aperçu des recherches menées aujourd'hui dans ce domaine.

Auteurs :

Roxane Bertrand, chercheuse CNRS au LPL
Noël Nguyen, professeur à AMU/LPL, Vice-doyen chargé de la recherche à la faculté ALLSH

 

Crédits image : Chambre sourde au LPL, Jean-Claude Moschetti/CNRS 

« Quelle belle coupe de cheveux ! » : ou comment reconnaître l’ironie…

Notice :
Rivière, E. & Champagne-Lavau, M. (2020).
Which contextual and sociocultural information predict irony perception? Discourse Processes, 57, 259-277

Résumé :
Dire à quelqu’un « Quelle belle coupe de cheveux ! » peut être interprété comme un compliment, mais aussi comme de l’ironie après 3 mois de confinement. Des travaux dans différentes langues ont montré que plusieurs facteurs (par exemple la situation contextuelle, la présence d’un marqueur lexical tel que le déterminant « quelle ») sont susceptibles de favoriser l’interprétation de cet énoncé comme étant ironique. Mais aucune étude, en français, n’a encore examiné la contribution relative de ces différents facteurs à l’interprétation d’un énoncé comme ironique. A l’aide d’une approche originale, nous avons demandé à 244 participants de langue maternelle française d’évaluer sur une échelle en 5 points la présence de différents facteurs dans 1840 stimuli écrits.

Une analyse de régression nous a permis de montrer pour la première fois qu’une combinaison de facteurs pragmatiques liés au contexte (c’est-à-dire l’allusion à une attente déçue, la présence d’une victime, une tension négative) et de facteurs socioculturels concernant les participants jugeant les énoncés (être une femme plutôt qu’un homme, avoir un niveau d’éducation élevé) prédisait le mieux l'interprétation des énoncés comme ironique. Notons que les facteurs pragmatiques étaient les prédicteurs les plus forts.

Ces résultats montrent, d’une part, que les femmes sont plus sensibles à l'ironie (probablement à la tension négative véhiculée par l’ironie) que les hommes et confirment, d’autre part, le rôle central du contexte étudié par ailleurs sous la forme de l’incongruité contextuelle entre l’énoncé du locuteur et la situation.

Lien vers l’article : https://doi.org/10.1080/0163853X.2019.1637204
HAL : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02189429/