Capacités visuo-attentionnelles et lecture : le regard en dit long

Dans son numéro du mois de juillet de la Lettre d’AMU, Aix-Marseille Université a consacré une brève au dernier article de Stéphanie Bellocchi (Epsylon Montpellier) et Stéphanie Ducrot (LPL) paru dans la revue Dyslexia :

Bellocchi, S., & Ducrot, S. (2021). “Same, same but different”: The optimal viewing position effect in developmental dyslexia, developmental coordination disorder and comorbid disorders. Dyslexia,1–18. https://doi.org/10.1002/dys.1688

Lien vers la brève : La Lettre AMU N°91 JUILLET 2021 (adobe.com) (p. 37 de la Lettre)

Résumé : Cet article s’intéresse aux processus visuels spécifiques à la lecture via l'effet de position optimale de fixation (OVP). Selon cet effet, nous lisons plus efficacement si le regard fixe initialement le centre gauche du mot, avec une asymétrie gauche/droite spécifique à notre sens de lecture. Les résultats ont montré que les stratégies de lecture, révélées par les courbes OVP, précisaient certains troubles de lecture: les dyslexiques présentaient des difficultés de distribution gauche/droite de l’attention alors que les apprenti-lecteurs étaient rapidement capables de tenir compte de la directionnalité de notre langue. Les enfants atteints de comorbidités quant-à-eux ne présentaient pas de difficultés visuo-attentionnelles. Un diagnostic différencié des troubles neurodéveloppementaux semble donc incontournable.

Contact : stephanie.ducrot@univ-amu.fr

Repenser les formes de présence à l’heure des visio-conférences

Christelle Combe (LPL/AMU) a contribué à l’ouvrage Fabrique de l’interaction parmi les écrans. Formes de présences en recherche et en formation qui vient d’être publié aux Ateliers de sens public. 

L’ouvrage est disponible en libre accès dans une version HTML augmentée, en PDF, ainsi que dans d’autres formats. Le projet, porté par Christine Develotte, comprend les contributions d’Amélie Bouquain, Tatiana Codreanu, Christelle Combe, Morgane Domanchin, Mabrouka El Hachani, Dorothée Furnon, Jean-François Grassin, Justine Lascar, Samira Ibnelkaïd, Joséphine Rémon et Caroline Vincent.

 Résumé

Qu’est-ce que la présence aujourd’hui ? Comment adapter et s’approprier les nouvelles formes de présence dans un contexte de recherche ? Comment former les futur·e·s chercheur·e·s à distance ? Quelles sont les implications de l’environnement numérique sur le travail d’équipe ?

À l’heure où la visioconférence devient norme, où la plupart de nos échanges ont lieu à travers un écran, cet ouvrage propose un ensemble de réponses – une boîte à outils conceptuels – adaptées aux nouvelles réalités et expériences de la vie de chercheur·e·s. Ces concepts et méthodes ici créés sont applicables à l’étude de toute situation d’interaction par écran, formelle et informelle (contexte professionnel, institutionnel, interpersonnel, etc.).

Avec une approche interdisciplinaire, il étudie les différents aspects des interactions par écran et analyse les effets des artefacts (robots de téléprésence) et des plateformes de visioconférence dans un contexte hybride mêlant présence et distance : co-construction de l’attention, émergence d’une intercorporéité, nouvelles normes de politesse, effets de présence, gestion des bugs et des ratés, impact sur la formation des doctorant·e·s… Les auteur·e·s, en se choisissant comme propre objet d’analyse, posent ici les bases d’une éthologie réflexive visuelle plaçant la multimodalité, le vécu subjectif et la sensorialité au cœur de l’analyse des interactions, de l’observation à la diffusion scientifiques.

En cohérence avec l’objet du livre, son format et son mode de production ont permis l’expérimentation d’un nouvel écosystème de publication basé sur des environnements de travail collaboratif à distance et sur la libre diffusion du savoir.

Lien vers la version augmentée :  https://ateliers.sens-public.org/fabrique-de-l-interaction-parmi-les-ecrans/index.html

Comment optimiser l’évaluation de l’intelligibilité de personnes souffrant de troubles de la parole ?

Anna Marczyk (LPL) est première auteure de l’article « Optimizing linguistic materials for feature-based intelligibility assessment in speech impairments » qui vient de paraître dans la revue Behavior Research Methods. Réalisé en outre en collaboration avec Alain Ghio, Muriel Lalain et Marie Rebourg du LPL, il se base sur des travaux de recherche réalisés dans le cadre du projet RUGBI.

Référence :
Marczyk, A., Ghio, A., Lalain, M. et al. Optimizing linguistic materials for feature-based intelligibility assessment in speech impairments. Behav Res (2021). https://doi.org/10.3758/s13428-021-01610-9

 L’article en accès libre : https://rdcu.be/cl65E

Résumé :
L'évaluation de l'intelligibilité des personnes souffrant de troubles de la parole consiste généralement à leur demander de lire ou de répéter à haute voix des listes de mots, une procédure qui peut prendre beaucoup de temps si le matériel est long. Notre travail visait à optimiser ces matériaux d'élicitation en cherchant un compromis optimal entre taille des listes et la performance classificatoire de la métrique d’intelligibilité qui est calculé à partir de ces listes.
La question que nous nous sommes posée est la suivante : quels critères permettent une réduction optimale du matériel – une réduction phonétiquement motivée ou une réduction arbitraire ?
Nous avons montré que la métrique avait une capacité de classification significativement plus élevée lorsque le matériel était réduit en fonction du critère de complexité articulatoire que quand il est réduit arbitrairement. Ce qui était inespéré c’est que la réduction de la taille du matériel à environ 30 % du matériel original ne diminuait pas les performances du classificateur ni n’affectait la stabilité du résultat. Donc au lieu d'une liste de 52 non-mots, les cliniciens peuvent utiliser seulement 16 non-mots pour obtenir un résultats tout aussi robuste.
Ce résultat est d'un grand intérêt tant pour les cliniciens comme pour les patients puisqu'il valide un outil à la fois fiable et efficace.

Do you want /ʃoloka/ on a /bistɔk/?

Sophie Dufour, directrice de recherche CNRS au LPL, vient de publier deux articles avec Jonathan Grainger (LPC) et Jonathan Mirault (LPC) portant sur la perception de non-mots. La première étude cherche à comprendre si les non-mots créés par la transposition de deux phonèmes (/ʃoloka/) sont perçus comme étant plus similaires comparés à leurs mots de base (/ʃokola/) que les non-mots créés en substituant deux phonèmes (/ʃoropa/). Ensuite, dans le deuxième article, les auteurs poursuivent les recherches en positionnant différemment les phonèmes à l’intérieur du non-mot.

Sophie Dufour, Jonathan Grainger. When you hear /baksɛt/ do you think /baskɛt/? Evidence for transposed-phoneme effect with multisyllabic words.. Journal of Experimental Psychology: Learning, Memory, and Cognition, American Psychological Association, In press, ⟨1037/xlm0000978⟩. ⟨hal-03141336⟩

Sophie Dufour, Jonathan Mirault, Jonathan Grainger. Do you want /ʃoloka/ on a /bistɔk/? On the scope of transposed-phoneme effects with non-adjacent phonemes. Psychonomic Bulletin and Review, Psychonomic Society, 2021, ⟨3758/s13423-021-01926-9⟩. ⟨hal-03225295⟩

Ces gestes qui comptent pour l’apprentissage des langues

"The Conversation" publie un nouvel article de Marion Tellier (LPL/AMU) qui aborde ici les effets positifs des gestes et techniques corporelles dans l'apprentissage des langues étrangères !

Lien vers l’article : Ces gestes qui comptent pour l’apprentissage des langues (theconversation.com)

Lien vers son dernier article sur le rôle du corps dans l'enseignement à distance (avril 2021) : Le corps a-t-il encore sa place dans l’enseignement à distance ? (theconversation.com)

 

Crédits : Andrea Piacquadio /Pexels, CC BY

Corpus oraux : nouvelles réflexions méthodologiques et réglementaires

La revue CORPUS a publié dans son dernier numéro thématique « Du recueil à l’outillage des corpus oraux : comment accéder à la variation ? » deux articles (co-)écrits par plusieurs membres du LPL :

Le 1er article est né d’une initiative fédératrice de plusieurs acteurs nationaux autour des corpus de parole pathologique dans un cadre de phonétique clinique. Sept centres sont représentés : Aix, Marseille, Toulouse, Montpellier, Paris, Strasbourg, Avignon. L’objectif est de jeter les bases de la constitution de bases de données relatives aux troubles de la voix et de la parole pour faciliter la recherche sur ces thématiques dans lesquelles le recueil doit être important pour tenir compte des variations importantes des symptômes chez les malades :

Alain Ghio, Gilles Pouchoulin, François Viallet, Antoine Giovanni, Virginie Woisard, Lise Crevier-Buchman, Fabrice Hirsch, Camille Fauth et Corinne Fredouille, « Du recueil à l’exploitation des corpus de parole « pathologique » : comment accéder à la variation physiopathologique ? », Corpus [En ligne], 22 | 2021. URL : http://journals.openedition.org/corpus/5677

Le 2e article est le fruit des travaux menés par la commission Ethique du laboratoire concernant les nouvelles réglementations des corpus (RGPD et la Loi Jardé) :

Muriel Lalain, Gilles Pouchoulin, Béatrice Priego-Valverde et Serge Pinto, « De la protection des données à la protection de la personne : Réflexions sur l’impact des nouvelles réglementations sur la collecte des corpus », Corpus [En ligne], 22 | 2021. URL : http://journals.openedition.org/corpus/5895

Lien vers le Numéro 22 (2021) de Corpus

Crédits image : ANR Speed-Vel / LPL

La communication référentielle chez les chiens à travers le prisme de l’analyse acoustique

Le 50e Colloque de la Société Française de l’Etude du Comportement Animal (SFECA) aura lieu les 31 mai et 1er juin prochains à Marseille (en distanciel). Il est organisé par plusieurs laboratoires de recherche de la région, dont le LPL.

A cette occasion, Thierry Legou, ingénieur de recherche CNRS au LPL, présentera une communication orale dans le cadre du volet « Cognition sociale » intitulée « Do dog vocalize differently towards their owner and food in an unsolvable task? An exploratory study ».

Résumé de l’intervention :
Le chien est un modèle d’étude intéressant, en matière de cognition comparée avec l’homme et de communication référentielle ou inter-espèce – en particulier la communication chien - homme – puisqu’il vit à nos côtés depuis plus de 30 000 ans. Notre étude consiste à évaluer la communication référentielle du chien en présence d’un humain (leur maître) et d’une cible (nourriture). Les types de vocalisations du chien au cours de l’expérience ainsi que leurs caractéristiques acoustiques ont été analysées pour déterminer si ces vocalisations sont différentes lorsqu’elles sont produites à destination du maître ou de la cible.

Date limite d’inscription au colloque : 10 Mai 2021

Le rôle des neurosciences cognitives dans la production de la parole et le bilinguisme

Dans son numéro du mois de mai 2021, la revue Journal of Neurolinguistics publie un dossier spécial sur la production de la parole et le bilinguisme, édité par Kristof Strijkers (LPL) et Arturo Hernandez (University of Houston). Il est dédié à la mémoire d'Albert Costa, spécialiste renommé en sciences cognitives et bilinguisme et co-éditeur du même numéro avant de disparaître brutalement à l’âge de 48 ans en décembre 2018. 

Lien vers le numéro spécial en texte intégral via l’accès AMU (connexion à l’ENT requise) :
Special Issue on Language Production and bilingualism. In memoriam of Albert Costa. - ScienceDirect (univ-amu.fr)

Référence :
Kristof Strijkers, Arturo Hernandez, Albert Costa. Special Issue on Language Production and bilingualism. In memoriam of Albert Costa.. Journal of Neurolinguistics, Elsevier, 2021, 58, pp.100966. ⟨10.1016/j.jneuroling.2020.100966⟩. ⟨hal-03084927⟩

Peut-on prédire les difficultés de lecture à partir des compétences visuelles évaluées en maternelle ?

Marie Vernet, doctorante au LPL et au Toulouse NeuroImaging Center (ToNIC), est première auteure d’un article publié dans la revue Applied Neuropsychology: Child qui s’intitule « Predicting future poor readers from pre-reading visual skills ». Elle a réalisé l’étude en collaboration avec Stéphanie Ducrot (LPL) et Yves Chaix (ToNIC) ainsi que Stéphanie Bellocchi (EPSYLON Montpellier) et Laurie Leibnitz (CMPP Fort-de-France), deux anciens membres du LPL.

Liens
HAL : https://hal.uca.fr/LPL-AIX/hal-03102987
Revue : https://doi.org/10.1080/21622965.2021.1895790

Référence
Marie Vernet, Stéphanie Bellocchi, Laurie Leibnitz, Yves Chaix, Stéphanie Ducrot. Predicting Future Poor Readers from Pre-reading Visual Skills: A Longitudinal Study. Applied Neuropsychology: Child, Taylor & Francis, 2021. ⟨hal-03102987⟩

Résumé
La lecture est une activité essentielle dans toutes les activités de la vie quotidienne, du papier à l’écran sur les liseuses ou les téléphones portables. Même s’il est bien connu que l’apprentissage de la lecture implique de bonnes compétences linguistiques, les enfants doivent également développer des compétences visuo-perceptives et oculomotrices efficaces. L’impact possible des déficits visuels est rarement considéré. Par conséquent, ces déficits sont généralement découverts tardivement ou restent non diagnostiqués. Cette étude vise à évaluer l'intérêt des mesures liées au traitement visuel dans la détection précoce des difficultés de lecture à l'école maternelle. Des difficultés dans le développement des compétences visuelles en grande section de maternelle pourraient permettre de prédire le risque qu’un enfant manifeste ensuite des difficultés d'apprentissage à l'entrée au CP. Nous avons utilisé une approche longitudinale durant laquelle les processus visuels (évalués par le DEM test) ont été mesurés chez 51 enfants de grande section de maternelle. L’impact de ces processus sur le développement de la lecture a ensuite été évalué un an plus tard, au CP. Les résultats montrent que (1) 31% de notre cohorte d’enfants scolarisés en maternelle présentent des déficits visuels (sans plainte clinique), et que (2) la précision et la vitesse de lecture au CP sont significativement corrélées avec la qualité des compétences visuelles en maternelle, confirmant ainsi le rôle significatif des processus oculomoteurs et visuo-perceptifs dans l’acquisition de la lecture. Ces résultats suggèrent que l’évaluation des compétences visuelles à partir du DEM test devrait être réalisée en première intention dans la pratique clinique afin d'identifier les enfants à risque de présenter des difficultés scolaires ultérieures et ainsi permettre la mise en place de prises en charge précoces.

Crédits photo : Petite Production PAG

Parution du dernier numéro de la revue Études créoles !

Nous avons le plaisir de vous annoncer la parution du dernier numéro d'Études créoles :

Etudes Créoles voL. XXXVII n°1 &2 - Études des constructions comparatives
Sous la direction de Paula Prescod & Béatrice Jeannot-Fourcaud

Ce numéro est dédié à la mémoire de Robert Chaudenson, disparu en avril dernier emporté par la COVID 19. Fondateur de la revue en 1978, il en fut successivement le rédacteur en chef et le directeur de la publication jusqu'en 2010.

Enfin, nous avons le grand plaisir de vous annoncer que la candidature d'Etudes créoles a été acceptée par OpenEdition.
La revue - créée à en 1978 - sera disponible sur la plateforme de revues OpenEdition Journals prochainement.

Nous vous souhaitons une bonne lecture.

Cordialement,
L'équipe de rédaction