Stimulation cérébrale profonde dans la dystonie généralisée isolée : impact sur la parole et la voix
Sous la direction de Roxane Bertrand et Serge Pinto
Jury :
Mme Cécile Fougeron - Directrice de recherche à l'Université Paris 3 - Rapportrice du jury
Mme Elena Moro - Professeure des universités à l'Université Grenoble Alpes - Rapportrice du jury, praticienne hospitalière
Mme Christine Meunier - Directrice de recherche CNRS-AMU - Membre du jury
M. Rui Rothe-Neves - Professeur étranger à l'Université fédérale Minas - Membre du jury Gerais (Brésil)
Mme Marie Vidailhet - Professeure des universités à l'Université Paris 6 - Membre du jury, praticienne hospitalière
Mme Roxane Bertrand - Chargée de recherche CNRS-AMU - Co-Directrice
M. Serge Pinto - Directeur de recherche CNRS-AMU - Directeur
Résumé :
L’impact de la stimulation cérébrale profonde (SCP) du globus pallidus interne (GPi) dans la dystonie généralisée isolée (DGI) a largement été étudié. Seulement, l’étiologie de la dystonie semble parfois conditionner la réponse thérapeutique sur les symptômes moteurs. Par conséquent, la combinaison du GPi à d’autres cibles comme le thalamus centromédian (CM) ou le noyau sous-thalamique (NST) a été une alternative pour nos patients atteints de DGI. Les études dans la DGI portent principalement sur la SCP et ses effets sur les mouvements anormaux, cependant, il manque cruellement d’investigation montrant les effets de ce traitement sur la parole dystonique. Construit autour de deux études, ce projet doctoral a pour objectif de montrer la pertinence de caractériser la parole dans la DGI, grâce aux évaluations cliniques, de perception et de production de la parole. Puis, de montrer l’impact de la SCP du GPi associé à une autre cible (le CM ou le NST) dans la parole dystonique. Les résultats de la première étude mettent en évidence une prédominance de la dysphonie chez tous les patients atteints de DGI et des troubles de l’organisation temporelle de la parole et de la fluence verbale chez les patients ayant une dysarthrie hyperkinétique sévère. Enfin, les résultats de la deuxième étude montrent que la SCP du GPi améliore les mouvements anormaux et les caractéristiques hyperkinétiques de la parole dans la DGI. A l’inverse, elle aggrave ou induit des caractéristiques hypokinétiques de la parole. Enfin, la stimulation de deux cibles chirurgicales est une alternative, seulement en cas d’efficacité incomplète du GPi seul.
Mots clés : dysarthrie hyperkinétique, stimulation cérébrale profonde, évaluations cliniques, perception parole, production parole.
Laboratoire Parole et Langage - 5 avenue Pasteur - 13100 Aix-en-Provence - Salle A003
Ulrike Albers
(LPL-AMU)
Le syntagme nominal en créole réunionnais : forme et interprétation
Sous la direction de Georges Daniel Véronique
Jury :
Enoch O. ABOH, University of Amsterdam, Rapporteur
Patricia CABREDO HOFHERR, UMR 7023 SFL-CNRS & Paris 8, Rapporteur
Claire BEYSSADE, Université Paris 8, Examinateur
Sybille KRIEGEL, LPL & Université d’Aix-Marseille, Examinateur
Georges Daniel VÉRONIQUE, LPL & Université d’Aix-Marseille, Directeur de thèse
Résumé :
Cette thèse propose une description synchronique du système de détermination nominale du créole réunionnais, ainsi qu’une analyse de l’interprétation des syntagmes nominaux (SN). Elle inclut des données nouvelles provenant d’une part d’un ensemble de corpus oraux et d’autre part de jugements de grammaticalité et de félicité. Nous examinons la distribution des différents SN, le statut morphosyntaxique des éléments figurant en position pré- et postnominale, le système du nombre, ainsi que l’expression de la définitude en réunionnais. Nous analysons une distinction opérée par trois formes différentes (SN nu ; lo+N ; N+-la) qui assument chacune un rôle différent dans une division de la définitude (definiteness split) similaire à celle décrite par Ebert (1971) et nous l’expliquons à travers la théorie de la définitude proposée par Löbner (1985 ; 2011; 2015).
Mots-clés : syntagme nominal ; définitude ; créole réunionnais ; nombre ; déterminants ; syntagme nominal nu
A la croisée des sciences du langage et de la didactique du français langue étrangère (FLE), cette recherche doctorale s’intéresse à l’enseignement de la grammaire et à la transposition d’une catégorie fondamentale et complexe de la langue française : le verbe. Nous cherchons à décrire et à analyser, de manière écologique et compréhensive, les pratiques grammaticales de l’enseignant de FLE aux prises avec les propriétés morphologiques, syntaxiques, lexicales et énonciatives de la catégorie verbale en français. Le terrain de la recherche est composé de trois enseignantes de FLE exerçant dans un centre de langue universitaire en France. Nous avons recueilli des observations de classe (niveaux A2 et B1.1) incluant l’enseignement de temps verbaux. Outre la mise au jour des trames d’enseignement, les synopsis de classe ont permis le découpage d’extraits significatifs qui révèlent les gestes didactiques des enseignantes et sur lesquels ces dernières ont été invitées à mettre des mots par le biais d’entretiens d’autoconfrontation afin de faire émerger les motifs de l’action didactique et les obstacles rencontrés. Après avoir brossé le portrait du verbe du point de vue de la linguistique, de l’acquisition et de la didactique, nous montrerons que les pratiques grammaticales des enseignantes s’inscrivent dans une tradition écrite du traitement morpho-verbal et que la mise au jour des emplois du temps verbal est au cœur d’une pratique grammaticale à haut risque. Des préconisations pour l’enseignement du verbe en FLE seront finalement formulées.
Mots-clés : ENSEIGNANT DE FRANÇAIS LANGUE ÉTRANGÈRE, PRATIQUE GRAMMATICALE, VERBE, GESTES DIDACTIQUES, SYNOPSIS, AUTOCONFRONTATION
Les traitements chirurgicaux des cancers du larynx induisent des séquelles vocales importantes. Ces dernières peuvent être compensées par une rééducation orthophonique, cependant, certains patients conservent une plainte concernant non pas leur voix, mais leur parole. Les paramètres du timing de la parole tels que le débit de parole ou encore la vitesse articulatoire sont impactés par la chirurgie. La littérature est abondante en ce qui concerne les séquelles vocales après laryngectomies partielle ou totale ; en revanche, l’altération de la parole après ces chirurgies n’a été que peu étudiée. Partant d’un constat clinique – celui de la plainte de nos patients- nous avons entrepris d’étudier certains composants de la parole.
La théorie de la variabilité́ adaptative de la parole développée par Lindblom, précisée par le modèle hypo/Hyper speech, a servi de base à notre travail. Les patients opérés du larynx souffrent d’une grande difficulté́ à initier et maintenir le voisement au cours de la parole. Nous avons émis l’hypothèse qu’ils adaptent leur façon de parler en ayant recours à une stratégie d’hyper-articulation ; modifiant la parole au point d’engendrer la diminution, voire la disparition, de certains phénomènes normaux, comme la coarticulation. Les sujets, procédant alors à une véritable ré-organisation temporelle de leur parole, produiraient des patterns rythmiques anarchiques responsables du caractère peu naturel de leur parole.
Six expérimentations ont été réalisées en deux phases distinctes afin de répondre à nos hypothèses. La première phase a mesuré́ la coarticulation au sein d’une population de sujets opérés d’une laryngectomie partielle (LP) et d’une population de sujets opérés d’une laryngectomie totale (LT). Les résultats ont montré́ une diminution de la coarticulation après LP, et sa disparition après LT. La deuxième phase expérimentale portait sur une nouvelle population de sujets LT. Les paramètres du timing de leur parole tels que les pauses, le débit de parole et la vitesse articulatoire, ont été étudiés. Ces paramètres ont ensuite été corrélés à l’évaluation perceptive et objective des voix. Une grande quantité́ de pauses, responsable, entre autres, de l’absence de coarticulation et d’un jugement perceptif négatif, ont été mis en évidence.
Ces travaux confirment les modifications de la parole engendrées par la chirurgie laryngée et l’intérêt de les étudier.
Pour comprendre un énoncé ironique, il nous faut différencier ce que le locuteur dit de ce qu’il veut signifier en intégrant les différentes informations contextuelles à notre disposition (Grice, 1975 ; Searle, 1978).
Ce travail de thèse a eu pour vocation, en utilisant le cadre du modèle de Satisfaction de Contraintes, de déterminer, pour la première fois en français, le rôle joué par plusieurs types de contraintes (i.e., pragmatiques, linguistiques et socioculturelles) dans la compréhension des critiques et des compliments ironiques.
Suite à une première étude, nos résultats ont mis en évidence que l’incongruité entre le contexte et l’énoncé était un indice plus fort que la prosodie lors de la compréhension de critiques ironiques. Les résultats des études suivantes ont confirmé le rôle majeur des contraintes pragmatiques (i.e., allusion à une attente déçue, tension négative et présence d’une victime) dans l’interprétation des critiques ironiques et ont montré la contribution, bien qu’à un niveau moindre, de contraintes socioculturelles dans la compréhension des critiques et des compliments ironiques. Ces résultats nous ont aussi permis de confirmer l’asymétrie de l’ironie et de montrer que les contraintes pragmatiques contribuant à la compréhension des compliments ironiques seraient différentes de celles contribuant à la compréhension des critiques ironiques.
Au-delà des symptômes cardinaux qui caractérisent la maladie de Parkinson (MP) – tremblement, akinésie, et rigidité – des déficits rythmiques se manifestent dans différents domaines de coordination motrice, comme au niveau du membre supérieur, de la sphère oro-faciale, ou de la marche. Des altérations rythmiques sont également mises en évidence sur des tâches de perception de rythme (i.e., sur des tâches n’impliquant pas de production motrice). Face à l’étendue des dysfonctionnements rythmiques dans la MP, l’hypothèse d’une dysrythmie généralisée a été formulée. Cette hypothèse implique que l’ensemble des altérations rythmiques qui s’observent au travers de diverses tâches et dans différents systèmes effecteurs partage des mécanismes causaux communs. Néanmoins, cette proposition n’a pas été confirmée à ce jour, et nombre de questions demeurent, tant sur le plan théorique que clinique : les déficits rythmiques caractéristiques de la MP sont-ils réellement liés ? Une source commune aux manifestations rythmiques déficitaires est-elle envisageable ? Si tel est le cas, quels en sont les corrélats cérébraux, et les retombées cliniques ? Elaborée autour de deux principaux axes de recherche, cette dissertation avait pour objectif principal de tester l’hypothèse d’une dysrythmie généralisée dans la MP, au travers de deux questions : i) existe-t-il des liens entre trois domaines de production rythmique (i.e., coordinations oro-faciale, manuelle, et de marche) et un domaine perceptif dans la MP ?; et ii) quel est l’impact d’un entraînement rythmique d’un domaine moteur (i.e., coordination rythmique manuelle) sur d’autres domaines de coordination motrice (i.e., oro-faciales et de la marche) ? L’ensemble des résultats confirme l’hypothèse d’une dysrythmie généralisée dans la MP, et l’existence très probable d’altérations de mécanismes en lien avec une fonction prédictive générale qui, lorsqu’elle est la cible d’un entraînement rythmique, pourrait permettre de réduire certains troubles moteurs dans la MP.
Laboratoire Parole et Langage, salle de conférences B011, 5 avenue Pasteur, Aix-en-Provence
Aurélie Goujon
(LPL-AMU)
Indices d’incompréhension et séquences de réparation dans l’interaction en face-à-face : une analyse multimodale
Sous la direction de
Marion Tellier et Roxane Bertrand
Résumé Peu d’études jusqu’à présent se sont intéressées à l’interlocuteur et à l’impact que celui-ci peut avoir sur la production langagière du locuteur principal. Or, l’interaction est un processus collaboratif et n’examiner qu’un des partenaires ne permet pas d’en saisir le processus global, ni les mécanismes qui sous-tendent la production verbale et gestuelle en contexte social.
Dans ce travail, nous nous intéressons aux mouvements de sourcils dans l’interaction en face-à-face en tant que ressource utilisée par les participants pour signaler un problème de compréhension. Notre objectif est de décrire la séquence interactionnelle dans laquelle apparait ce mouvement et les trajectoires interactionnelles dont use le locuteur pour résoudre le trouble de la compréhension qui a surgi.
Nous utilisons les outils qu’offrent la linguistique interactionnelle et la linguistique de corpus, pour mener une analyse systématique de ces phénomènes. Nous nous appuyons sur trois corpus présentant différents degrés de spontanéité et diverses activités interactionnelles. Après avoir identifié et annoté les mouvements de sourcils (haussement et froncement) et les séquences présentant un problème de compréhension (Weigand, 1999 ; Antaki, 2012), nous avons mené une analyse séquentielle sur une soixantaine d’extraits.
Cette recherche met en lumière le rôle des mouvements de sourcils en tant que ressource qui participe à rendre mutuellement reconnaissable un problème de compréhension, mais également en tant qu’indice de désalignement et de réalignement lors de ces dîtes séquences. De plus, nous évaluons les technologies permettant la détection automatique des mouvements de sourcils au travers de comparaisons entre les annotations manuelles et automatiques. Ce travail permet de mieux comprendre les mécanismes de l’interaction sociale dans toute la complexité multimodale qu’ils impliquent.
Alexia Mattei, praticienne hospitalière dans le service ORL de la Conception et nouveau membre du LPL depuis 2019 (équipe POP), soutiendra sa thèse d’exercice le vendredi 5 avril 2019 à la faculté de la Timone en salle de thèse 2 (1er étage) à 18h15.
Celle-ci porte sur « La fraction vasculaire stromale autologue d’origine adipeuse dans le traitement des lésions cicatricielles des cordes vocales » (ou en simplifié La thérapie cellulaire en laryngologie !).