La cohérence temporelle dans les textes narratifs d’élèves de 8 à 11
sous la direction de Marie-Noëlle ROUBAUD et la codirection de Solveig LEPOIRE-DUC
Vendredi 9 décembre 2022 de 14h à 18h
Salle polyvalente de l’INSPE d’Aix-en-Provence
Jury : Mme Marie-Noëlle ROUBAUD, Université Aix-Marseille, Directrice de thèse
Mme Solveig LEPOIRE-DUC, INSPE-Université Lyon 1, Co-directrice
Mme Ecaterina BULEA BRONCKART, FPSE-Université de Genève, Rapporteuse
M. Carl VETTERS, Université du Littoral Côte d’Opale, Rapporteur
Mme Marie-Laure ELALOUF, Université de Cergy-Pontoise, Examinatrice
Mme Claudine GARCIA-DEBANC, Université Toulouse Jean Jaurès, Examinatrice
M. Frédéric SABIO, Université Aix-Marseille, Président
Résumé : Notre recherche porte sur la cohérence temporelle dans les textes narratifs d’élèves de 8 à 11 ans. À cet égard, nous avons convoqué des théories qui permettent d’appréhender la temporalité verbale dans les textes narratifs. S’agissant de textes d’élèves de 8 à 11 ans, nous resituons également notre étude dans une perspective développementale et institutionnelle. Nous nous sommes ainsi demandé comment les élèves s’apprennent à écrire le temps. Notre corpus est constitué de 180 textes narratifs d’élèves de CE2, CM1 et CM2, produits en réponse à une consigne d’écriture. Afin d’étudier la cohérence temporelle dans les textes narratifs produits, nous avons retenu trois niveaux d’analyse : l’ancrage énonciatif, l’ordre temporel du récit et les marqueurs de cohésion qui participent à la structuration temporelle du récit. L’analyse de notre corpus met à jour la complexité temporelle des textes produits, quel que soit le niveau de classe concerné. Nous observons, par ailleurs, une complexification temporelle à mesure que le niveau de classe augmente. Celle-ci n’est toutefois pas linéaire. De fait, nous identifions des spécificités propres à chaque niveau. Notre recherche montre également des emplois inattendus produisant des effets qui témoignent, selon nous, de la complexité temporelle à laquelle les élèves sont confrontés notamment dans la littérature de jeunesse, et ce, dès le plus jeune âge.
Exploitation rationnelle des marqueurs intonatifs : le cas de la relation probabiliste entre la montée initiale et le focus contrastif en français
sous la direction Monsieur James S. GERMAN et Madame Pauline WELBY
Vendredi 16 décembre 2022 à 14h
LPL, salle de conférences B011
Jury : Ingo Feldhausen (Université de Lorraine) Rapporteur
Michael Wagner (McGill University) Rapporteur
Martine Grice (Universität zu Köln) Examinatrice
Sophie Herment (Aix Marseille Université, CNRS, Laboratoire Parole et Langage) Présidente du jury
James S. German (Aix Marseille Université, CNRS, Laboratoire Parole et Langage) Directeur de thèse
Pauline Welby (Aix Marseille Université, CNRS, Laboratoire Parole et Langage) Co-directrice de thèse
Résumé : Cette thèse examine l’interaction complexe entre l’intonation et la structure informationnelle en français. La faible association entre la très fréquente montée initiale de la fréquence fondamentale et la frontière gauche du focus contrastif non correctif en production sert de cas d’étude. Des énoncés parallèles impliquant un contraste entre les constituants non répétés sont utilisés.
Les interactions entre les nombreux paramètres (extra-)linguistiques influençant la probabilité d’apparition de cet accent secondaire prénucléaire rendent difficile l’appréhension de son rôle en perception pour l’accès à l’intention référentielle. Cette thèse soutient que l’on ne peut faire l’économie d’une modélisation probabiliste rationnelle, telle qu’adjointe à la phonologie de laboratoire afin de documenter le poids de chaque paramètre dans l’utilisation de la montée initiale en relation avec le focus. Sous l’hypothèse qu’un lien fort existe entre production et représentations perceptives abstraites, ce travail élabore différentes méthodes et leurs limites pour contribuer à délimiter la pertinence de la montée initiale pour l’accès à l’intention sémantique.
Les études menées corroborent le caractère faible de l’association. En production, la montée initiale se révèle un marqueur anticipé et non-local de l’empan du constituant focalisé à venir. Testé en perception, l’utilisation adaptée de la montée initiale pour anticiper le référent du focus ne dépend pas de l'empan du constituant avec lequel elle est associée, mais de l’informativité de leur association au cours de l’expérience récente avec le locuteur. Cette thèse propose une rationalité à cet écart entre production et perception en considérant sa faible conventionnalisation dans l’input.
Simplification syntaxique de textes à base de représentations sémantiques exprimées avec DMRS
sous la direction de Monsieur Bernard ESPINASSE et Madame Núria GALA
Mercredi 14 décembre 2022 de *14h30* à 18h
Campus de St Charles, Marseille à la FRUMAM, la salle de séminaire du 2ieme étage
Jury : Guy PERRIER (Rapporteur) ; PR émérite, Université de Lorraine
Marie CANDITO (Rapporteuse) ; MCF, Université Paris Cité
Alexis NASR (Président du jury) ; PR, Aix-Marseille Université
Amalia TODIRASCU (Examinatrice) ; PR, Université de Strasbourg
Bernard ESPINASSE (Directeur de thèse) ; PR, Aix Marseille Université
Núria GALA (Co-directrice de thèse) ; MCF, Aix Marseille Université
Résumé : La simplification de textes consiste à transformer un texte en une version plus simple à lire et/ou à comprendre et plus accessible à un public cible, tout en conservant son information, son contenu et son sens originaux. On distingue quatre niveaux de simplification, lexical, syntaxique, morphologique et discursif, et différents systèmes de Simplification Automatique de Textes (SAT) ont été développés en tenant compte de ces niveaux. Cette thèse se concentre sur la simplification syntaxique de textes en anglais, une tâche pour laquelle les systèmes automatiques existants présentent certaines limites.
Pour les dépasser, nous proposons tout d’abord une nouvelle méthode de simplification syntaxique exploitant des dépendances sémantiques exprimées en DMRS (Dependency Minimal Recursion Semantics), une représentation sémantique profonde sous forme de graphes combinant sémantique et syntaxe. La simplification syntaxique consiste alors à représenter la phrase complexe en un graphe DMRS, transformer selon des stratégies spécifiques ce graphe en d’autres graphes DMRS qui généreront des phrases plus simples. Cette méthode permet la simplification syntaxique de constructions complexes, en particulier des opérations de division basées sur des appositives, sur des coordinations et sur des subordinations ; ainsi que la transformation de formes passives en formes actives.
Pour évaluer cette méthode, nous avons développé un système automatique de simplification syntaxique. Ce système, nommé GRASS, met en œuvre les stratégies spécifiques de transformation de graphes DMRS par des ensembles de règles en utilisant le système de réécriture de graphe GREW. Ce système de simplification automatique est évalué sur un corpus de référence spécifique à la simplification syntaxique de façon automatique puis en ayant recours à des experts humains.
Les résultats obtenus par ce système de simplification syntaxique sur ce corpus de référence sur les opérations de division de phrases surpassent ceux des systèmes existants du même type dans la production de phrases simples, grammaticales et conservant le sens, démontrant ainsi tout l’intérêt de notre approche de la simplification syntaxique à base de représentations sémantiques en DMRS.
Jury : Pierre ESCUDE, Université de Bordeaux - Directeur de thèse
Sandrine CADDÉO, Aix-Marseille Université - Examinatrice
Jean Claude BEACCO, Université Sorbonne nouvelle - Rapporteur
Elisabetta BONVINO, Università Roma Tre - Rapporteure
Laurent GAJO, Université de Genève - Examinateur
Sandra GARBARINO BENAZZO, Università degli Studi di Torino - Examinatrice
Résumé : Cette thèse de doctorat a pour but d‘explorer l’insertion d’un parcours d’intercompréhension dans la visée de l’enseignement de deux langues romanes, le français en Italie et l’italien en France dans le secondaire au sein de deux formes d’enseignement bilingue (section européenne en France et dispositif EsaBac en Italie). Ces parcours ont été imaginés autour de deux orientations différentes selon le cours pour lequel ils ont été pensés : apprentissage de la langue voisine (le français ou l’italien), apprentissage de la discipline enseignée en langue cible (histoire-géographie en France ; histoire en Italie). Dans la première orientation, nous nous sommes concentrés sur les usages oraux de la langue voisine en sélectionnant cinq faits linguistiques susceptibles de variation. L’originalité de notre approche a été d’utiliser deux types de supports : des dialogues littéraires et des extraits de corpus oral authentique. Ces faits linguistiques ont été présentés en plusieurs langues (les deux langues de scolarisation et une troisième langue romane, l’espagnol ou le portugais), permettant de développer la dimension plurilingue de notre projet. Dans notre seconde orientation, l’emploi d’un parcours en intercompréhension intégrée a permis de dépasser l’alternance des langues initiale pour parvenir à une meilleure intégration de l’ensemble des langues proposées comme des contenus disciplinaires envisagés. Les données récoltées par cette étude contrastive sur deux terrains de cultures éducatives distinctes ont apporté un certain nombre de résultats : la confrontation entre les conceptions de la variation de ces deux publics, dont la réflexion a été enrichie par le choix d’utiliser la littérature comme mise en valeur des éléments variationnels présents dans les supports utilisés pour mieux discuter des usages ; les possibilités d’appui sur plusieurs langues dans une continuité entre les apprentissages langagiers, favorisant des liens avec la didactique intégrée. L’intercompréhension intégrée adaptée à l’enseignement bilingue a généré une reconfiguration des rôles et places des langues en présence dans le cadre du travail sur les contenus disciplinaires ; l’analyse autour de deux contextes a mis en évidence les modalités les plus pertinentes pour mobiliser et étudier l’apport de la proximité linguistique des langues comme bénéfique pour un travail sur la discipline. Par les expériences menées et les résultats obtenus, notre étude essaie enfin d'apporter des voies d'apprentissage renouvelées dans l'enseignement intégré des langues et des disciplines en contexte scolaire et de consolider le rôle de l’intercompréhension dans cette visée.
Cette thèse explore deux questions de recherche situées dans le paradigme constructionniste basé sur les usages. D’une part, nous proposons de caractériser le contenu sémantique des constructions en intégrant les représentations vectorielles propre des modelés distributionnels aux descriptions linguistiques des Grammaires de Construction.
Nous abordons en plus une question encore ouverte: Quels principes cognitifs et linguistiques régissent la compréhension du langage? De nombreux travaux suggèrent que l’interprétation des phrases alterne entre stratégies compositionnelles et non-compositionnelles. Bien qu’il soit reconnu que les idiomes sont lus très rapidement, nous avançons que les expressions littérales, si suffisamment fréquentes, sont traitées de la même manière. Grâce au paradigme du Self-Paced Reading, nous avons testé les temps de lecture de phrases idiomatiques, littérales très fréquentes et littérales peu fréquentes: les effets de facilitation se produisent également lors du traitement de phrases fréquentes et composées.
D’ailleurs, nous soutenons que plusieurs processus systématiques de productivité du langage sont explicables par des inférences analogiques: les phrases nouvelles sont produites et comprises “à la volée” par analogie avec des expressions familières. Nous présentons ANNE, un réseau neuronal qui simule la construction de nouvel vecteurs de phrases comme un processus analogue. Cet système a été évalué sur sa capacité à généraliser à partir de vecteurs existants.
Cette thèse représente une contribution à la clarification de la littérature complexe sur la compréhension du langage et à l’ouverture de nouvelles études expérimentales et computationnels.
Évaluation de l'intelligibilité après un cancer ORL : Approche perceptive par décodage acoustico-phonétique et mesures acoustiques
Sous la direction de Nicolas Fakhry et Muriel Lalain
Jury :
Didier Demolin - LPP Paris - Président
Lorraine Baqué - UAB Barcelona - Rapporteure
Rudolph Sock - LiLPa Strasbourg - Rapporteur
Lise Crevier-Buchman - LPP Paris - Examinatrice
Nicolas Fakhry - LPL/AP-HM - Co-directeur de thèse
Muriel Lalain - LPL - Co-directrice de thèse
Résumé :
La perte d’intelligibilité représente l’une des plaintes principales des patients traités pour un cancer de la cavité buccale ou de l’oropharynx et son évaluation perceptive est primordiale pour la prise en charge des troubles de la parole en contexte clinique.
Cette thèse se propose d’apporter des éléments de réflexion linguistiques pour questionner la notion d’intelligibilité et préciser sa définition dans le cadre de l’évaluation des troubles de la parole chez ces patients. En explorant les relations complexes entre production et perception de la parole, et l’interdépendance des niveaux phonétique et phonologique, au service de l’évaluation de l’intelligibilité segmentale en contexte clinique, nous proposons de définir l’intelligibilité comme « le degré de précision avec lequel les unités linguistiques d’un signal acoustique de parole, produit par un locuteur, sont décodées par un auditeur ». Nous avons mis à l’épreuve cette conception en proposant l’évaluation des productions de patients enregistrés dans le cadre du projet C2SI, selon 2 approches.
D’abord, une approche par évaluation perceptive basée sur le décodage acoustico-phonétique (DAP) de pseudo-mots. Puis une seconde approche fondée sur des analyses acoustiques des productions des locuteurs et sur l’examen du lien potentiel entre les évaluations perceptives et acoustiques. L’évaluation de l’intelligibilité de ces patients se trouve améliorée par la mesure segmentale. Ces travaux contribuent à l’amélioration de l’évaluation clinique des troubles de la parole ; l’évaluation perceptive par DAP en particulier montre un fort potentiel d’évaluation qui permet d’envisager son transfert vers une application clinique.
Cette thèse porte sur les sourires dans les transitions thématiques de conversations. Ces moments charnières entre deux thèmes font particulièrement intervenir la collaboration des participants. Ainsi, nous avons étudié le rôle du sourire en tant que ressource mobilisée dans cette collaboration : les sourires étant des expressions faciales très fréquentes mais peu étudiées dans leur rapport avec l'organisation de l'interaction. Parallèlement, nous avons étudié l'effet de la relation des interactants sur cette collaboration.
Pour explorer ces questions, 40 interactions des corpus CHEESE! et PACO ont été étudiées. Dans le premier corpus, les participants se connaissent bien alors que dans le second ils se rencontrent pour la première fois le jour de l’enregistrement. Les sourires des interactants ont été annotés selon l'échelle du Smiling Intensity Scale. Grâce à l'outil de détection automatique des sourires SMAD, développé pour les besoins de cette thèse, nous avons mené une analyse fine du déploiement des trois intensités de sourires.
Nos analyses ont consisté à articuler deux approches complémentaires : celles de l'Analyse Conversationnelle et de la Linguistique Interactionnelle via des analyses séquentielles ainsi que l'approche de la Linguistique de Corpus qui a consisté à interroger quantitativement nos données.
Cette méthodologie a permis de dégager trois résultats principaux concernant les transitions par rapport à des moments aléatoires des conversations étudiées. (1) Les phases des transitions sont caractérisées par des procédés spécifiques, pour certains invariants quelle que soit la relation des participants. (2) Lorsque le locuteur propose un nouveau thème, une suppression du sourire est plus fréquemment observée. (3) Lorsque l'interlocuteur accepte la proposition thématique il est plus enclin à augmenter l'intensité de son sourire. Cette thèse montre que le sourire est une ressource mobilisée par les interactants lorsqu'ils effectuent des transitions thématiques. A ce titre, cette thèse s'inscrit dans la lignée des travaux plaidant pour une prise de compte du sourire comme ressource à prendre en compte dans l'analyse multimodale des interactions.
Chargé de Recherche CNRS, Laboratoire Parole et Langage
11 mars 2022 à 10h30 au Grand amphi, Campus St. Charles, 3 place Victor Hugo, Marseille
Dans le cadre de la Journée ILCB le 11 mars de 9h30 à 17h
Titre HDR : “Towards an Integrated Brain Language Model — The spatiotemporal dynamics of production versus perception”
Jury :
Sonja KOTZ, Maastricht University (rapporteure)
Benjamin MORILLON, Aix-Marseille Université (rapporteur)
Noël NGUYEN, Aix-Marseille Université (tuteur)
Martin PICKERING, Edinburgh University (rapporteur)
Rasha ABDEL RAHMAN, Humboldt-Universität zu Berlin (examinatrice)
Résumé :
The capacity of communicating through language has been instrumental in the evolution of our species. Being able to quickly alert our peers of an upcoming danger has high biological relevance, and the ease and speed with which we can use language has made this our primary communicative tool. Not surprisingly, understanding the fundaments of this ability has been a central issue throughout the history of human and social sciences. By now, our knowledge about the representations and processes underpinning language behaviour is impressive and thanks to the combined efforts of linguists, psychologists and neuroscientists, detailed neurolinguistic models of language production and perception have been developed. Despite the huge advances made to understand this complex capacity of the human mind, language research has been typically modality-specific, with a dissociation between production and comprehension in terms of research strategies, paradigms and models. The objective of the research I present here for my HDR project is to explore the nature of linguistic representations and processes from an integrated perspective. This is important, because in order to fully understand language processing and develop a neurolinguistic model that explains behavior, we’ll need to understand how production and perception interact. This HDR aims at contributing to this endeavor by comparing the spatiotemporal dynamics of production and perception for the basic building blocks of language: words. In doing so, I want to address the question of whether and how word representations and their processing overlap in time and space in the speaker and listener’s minds.