Comment aider les élèves à mieux comprendre les histoires ?

Nous avons le plaisir de vous communiquer l’étude publiée dans Literacy Research and Instruction issue du projet de post-doctorat ET T’AS COMPRIS réalisé par Lisa Sanchez (ADEF) sous la direction de Sandrine Eschenauer (LPL) et Raphaële Tsao (PsyClé) :

Référence : Sanchez, L., Eschenauer, S., & Tsao, R. (2025). Dramatized Reading in the Classroom: Effect on Learner Readers’ Inferential Comprehension. Literacy Research and Instruction, 1–24.

Page de l’éditeur : https://doi.org/10.1080/19388071.2025.2557799

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Résumé :
Cette étude propose la théâtralisation de récits comme outil pour accompagner les élèves vers la compréhension de l'implicite du texte, et particulièrement pour comprendre les émotions des personnages et faire du lien entre ses connaissances et celle de l'histoire. Les résultats ont montré que la théâtralisation de récits permettait aux enfants de 5 à 7 ans de mieux comprendre les récits, et en particulier l'état émotionnel des personnages.

Notre manière de traiter le langage change-t-elle selon que nous sommes accompagnés ou seuls ?

Dans le tout premier article publié dans le cadre du projet ERC LaDy, les chercheur.es Emilia Kerr (LPL), Benjamin Morillon (INS) et Kristof Strijkers (LPL, porteur du projet LaDy) montrent que le traitement des mots et la prédiction du sens sont fondamentalement différents lors d’une interaction sociale par rapport à l’utilisation individuelle du langage :

Référence : Kerr, E., Morillon, B., & Strijkers, K. (2025). Predicting meaning in the dyad. Journal of Experimental Psychology: General, Advance online publication, American Psychological Association (APA).

Article en texte intégral : https://doi.org/10.1037/xge0001828

Résumé :
De quoi s’agit-il ?
Lorsque les gens discutent entre eux, ils peuvent prédire ce que leur interlocuteur va dire. Nous avons découvert que cette prédiction leur permet non seulement de comprendre plus rapidement, mais aussi de répondre plus vite. Étonnamment, cet effet de prédiction n’apparaît que dans les conversations réelles, et non lorsque les gens traitent le langage seuls. Cela montre que notre cerveau traite le langage différemment dans le cadre d’un dialogue et lorsqu’il est isolé.

Pourquoi est-ce important ?
Alors que la plupart des études sur le langage se concentrent sur les individus, la communication réelle se fait dans le cadre d’un dialogue. Ce travail est important car il examine le langage dans un contexte plus interactif et démontre des différences fondamentales dans la manière dont nous traitons le langage par rapport à la tradition dominante de recherche individualiste. Par conséquent, ce travail appelle à un changement de paradigme dans la manière dont nous devrions étudier le langage et la communication.

[Extrait traduit de la page Kudos]

Crédits d’image : Les auteurs

La perception de l’accent lexical dans la langue sud-coréenne de Kyungsang

Nous sommes heureux de vous communiquer les derniers travaux publiés par notre collègue Mariapaola D’Imperio (LPL-amU) et Hyunjung Joo de la Rutgers University dans la revue Language and Speech :

Référence : Joo, H., & D’Imperio, M. (2025). The Perception of Lexical Pitch Accent in South Kyungsang Korean: The Relevance of Accent Shape. Language and Speech, 0(0).

Site Web de l’éditeur : https://doi.org/10.1177/00238309251368294

Accès à l’article en texte intégral via la plateforme BibCNRS (connexion requise) : https://bib.cnrs.fr/

Résumé :
Dans cette étude, il s'agit de données perceptives de l'accent lexical sud-coréen de Kyungsang (South Korean, SKK) qui s'ajoutent à celles relatives aux notions introduites par Mariapaola D’Imperio dans sa thèse (D'Imperio, 2000) et reprises par des chercheurs américains (Barnes et al., 2012), qui concernent la question théorique de la théorie Autosegmentale-Métrique (Théorie AM). Récemment, cela a aussi été nourri par la publication sur la perception des contours finaux des questions versus les continuations en français (Dorokhova et D'Imperio, 2019). Il s'agit de la découverte relative à la perception d'un accent mélodique léxical, qui n'est pas lié simplement à l’alignement temporel et la hauteur de fréquence fondamentale des cibles tonales, mais qui est surtout influencé par le mouvement de l'interpolation (concave ou convex) entre deux cibles tonales (c'est-à-dire de l'impact de la dynamique mélodique).

Variabilité de la parole : les nuances de la réduction phonétiques dans le discours conversationnel

Nous avons le plaisir de vous annoncer la dernière publication de Kübra Bodur (LPL) dans Speech Communication, en collaboration avec Corinne Fredouille (LIA), Stéphane Rauzy et Christine Meunier (LPL).

Référence : Bodur, K., Fredouille, C., Rauzy, S., & Meunier, C. (2025). Exploring the Nuances of Reduction in Conversational Speech: Lexicalized and Non-Lexicalized Reductions. Speech Communication, 173, 103268.

Article en texte integral : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0167639325000834

Par ailleurs, Kübra soutiendra le 29 octobre prochain sa thèse qui vise notamment à mieux comprendre le phénomène de la réduction de la parole, en s’appuyant sur des études empiriques issues de la phonétique, de la prosodie et de la recherche développementale.

 Résumé de l’article :
La réduction phonétique, entendue comme l’ensemble des modifications segmentales qui aboutissent à une réalisation affaiblie, raccourcie ou simplifiée d’une forme attendue, constitue un phénomène central de la parole spontanée. Cette étude a pour objectif de mieux comprendre les mécanismes de la réduction phonétique, dont l’influence peut varier selon les caractéristiques d’unités linguistiques.
Nous proposons de distinguer deux types de réductions : les formes lexicalisées, qui se sont plus ou moins stabilisées dans la langue (comme chépa pour je ne sais pas (Figure 1), et les formes non lexicalisées, plus contextuelles et variables selon le débit de parole ou le style du locuteur.
Pour tester si ces deux types de réduction obéissent aux mêmes facteurs ou non, nous avons combiné une analyse de séquences fréquentes et perceptibles avec une détection automatique sur corpus en se concentrant sur les sequences temporellement réduites.
Les résultats montrent que les réductions lexicalisées dépendent surtout de la durée de parole, tandis que les réductions non lexicalisées sont davantage influencées par le débit articulatoire et par certaines contraintes prosodiques ou morpho-syntaxiques. Nous observons aussi que certains segments (Figure 2) et certaines expressions, comme tu sais, sont plus souvent réduits selon leur rôle dans le discours.
Cette étude révèle ainsi que la réduction en parole n’est pas un phénomène unique, mais qu’elle correspond à des processus distincts, influencés par différents facteurs. Elle ouvre la voie à une meilleure compréhension de la variabilité de la parole et de son lien avec la structure du langage.

Parution n° 39 des TIPA: De l’approche actionnelle à l’approche performative

Nous avons l’immense plaisir de vous annoncer la parution officielle du numéro 39 des TIPA : « De l’approche actionnelle à l’approche performative : quelles épistémologies, quelles méthodologies pour la recherche en didactique des langues vivantes ? »

Dirigé par Sandrine Eschenauer (LPL-amU) et Birgit Schädlich (Georg-August-Universität Göttingen), ce volume multilingue et particulièrement riche s’inscrit dans la continuité du séminaire dédié à l’exploration des méthodologies de recherche en didactique des langues vivantes étrangères, qui s’est tenu à Aix-en-Provence les 23 et 24 mars 2023. Il est disponible en accès libre sur la plateforme Open Edition Journals.

Résumé :
Ce numéro thématique des TIPA explore les liens entre approches actionnelles et approches performatives dans l’enseignement-apprentissage des langues vivantes. Si la perspective actionnelle ancre l’élève dans la tâche et dans l’agir langagier, les approches performatives, en élargissant les cadres d’expérience et d’expression, invitent à reconsidérer l’engagement corporel, émotionnel et (inter)subjectif des apprenants. À travers les contributions rassemblées, issues de travaux menés en France et en Allemagne, ce dossier interroge les épistémologies et méthodologies susceptibles de rendre compte de processus cognitifs complexes, souvent situés, sensibles et émergents. Il met ainsi en lumière le rôle que peuvent jouer les dispositifs performatifs scolaires et extra-scolaires pour favoriser la créativité et soutenir les dynamiques d’apprentissage en langues vivantes.

Bonne lecture, et n’hésitez pas à diffuser très largement dans vos réseaux !

Les éditrices du n° 39  &  l’équipe éditoriale de la revue TIPA
https://journals.openedition.org/tipa/

Comment notre cerveau apprend-il de nouveaux mots ?

Nous avons le plaisir de vous annoncer la dernière étude publiée par une équipe de scientifiques internationaux dont nos collègues Clément François (LPL-CNRS), Ana Zappa (Univ. de Barcelona, anc. doctorante et post-doc LPL) et Antoni Rodriguez-Fornells (Univ. de Barcelona, anc. résident Iméra 2024/25) :

Référence : Zappa, A., León-Cabrera, P., Ramos-Escobar, N., Laine, M., Rodriguez-Fornells, A., & François, C. (2025). Alpha and beta desynchronization during consolidation of newly learned words. Neuroimage. 318, 121410

Article en texte intégral : https://hal.science/hal-04933892
Site de l’éditeur : https://doi.org/10.1016/j.neuroimage.2025.121410

Résumé :
Cette étude a pour objectif de mieux comprendre ce qu’il se passe dans notre cerveau entre le moment où nous découvrons un nouveau mot et celui où nous l'avons intégré à notre vocabulaire ? Pour cela, nous avons analysé l'activité cérébrale de 19 participants adultes qui apprenaient 120 nouveaux mots associés à des objets inconnus pendant 5 jours consécutifs (Figure 1).
L’analyse de l’activité EEG obtenue pendant une tâche de dénomination silencieuse indique une plus grande désynchronisation des ondes alpha (8-12 Hz) et beta (13-25 Hz) pendant le 5e que le 1er jour au niveau des électrodes pariétales et occipitales entre 200 et 1000 ms après la présentation de l'image (Figure 2).
Cette désynchronisation alpha et bêta refléterait la récupération lexicale de mots nouvellement appris qui ont été intégrés après consolidation. Cette étude révèle donc que l'apprentissage de nouveaux mots laisse des signatures mesurables dans l'activité électrique de notre cerveau, ouvrant la voie à une meilleure compréhension des mécanismes fondamentaux de l'acquisition du vocabulaire. Ces résultats pourraient avoir des implications pour l’enseignement de langues étrangères et la compréhension des troubles d’apprentissage du langage.

Diversité linguistique et contact des langues : nouvelle étude comparative à large échelle

Nous avons le plaisir de vous annoncer le dernier article publié par notre collègue Francesca Di Garbo (LPL-amU) en collaboration avec Panagiotis Kapellis de l’Université de Helsinki :

Référence : Francesca Di Garbo, Panagiotis Kapellis. Contact effects in nominal number systems. Studies in Language, 2025

Article en texte intégral : https://hal.science/hal-05212430v1
Site de l’éditeur : https://doi.org/10.1075/sl.24019.dig

Résumé :

Que se passe-t-il avec la morphosyntaxe lorsque deux langues entrent en contact ? Pour le savoir, nous avons étudiécomment les langues du monde marquent les distinctions de nombre sur les noms et sur les mots qui leur sont syntaxiquement liés. Nous avons examiné 49 paires de langues en contact provenant de différentes régions du monde (fig. 1) et nous nous sommes demandés quels aspects du marquage du nombre ont tendance à se diffuser ou à se rapprocher entre elles. Les résultats indiquent que les marqueurs de pluriel et les morphèmes exprimant le nombre directement sur les noms sont les traits les plus sensibles au changement en situation de contact (fig. 2). Le fait que le marquage du pluriel soit à la fois très répandu et souvent emprunté dans les langues du monde pourrait s’expliquer par l’importance du contraste entre « un » et « plusieurs » dans l’expérience humaine — un sujet que nous espérons explorer plus en profondeur dans nos recherches futures. Cette étude a permis de tester et de valider les méthodes développées par le projet GramAdapt pour étudier, à grande échelle, les changements linguistiques dus au contact. L’examen d’un échantillon diversifié de langues du monde nous a permis de confirmer des observations jusque-là établies à partir de l’étude de langues et de situations de contact individuelles.

 

 

Figure 2 : Carte factorielle montrant la contribution de chaque variable aux composantes principales 1 et 2

Apprentissage de la lecture : des inégalités marquées en Outre-Mer

Nous avons le plaisir de vous annoncer l’article publié à ce jour par Stéphanie Ducrot en collaboration avec Laurie Persia-Leibnitz, Marie Vernet, Bruce Brossette, Chloé Prugnières et Jonathan Grainger dans la revue International Journal of Educational Development.

Cette étude révèle que « près de la moitié des enfants en Martinique sont exposés à des risques de retard de lecture, avec des erreurs trois fois plus fréquentes que celles de leurs camarades dans l’hexagone. »

Souhaitant mettre en lumière ces enjeux sociétaux, le CNRS vient de dépêcher une alerte presse aux journalistes de son réseau : https://www.cnrs.fr/fr/presse/apprentissage-de-la-lecture-des-inegalites-marquees-en-outre-mer

Référence de l’article : Stéphanie Ducrot, Laurie Persia-Leibnitz, Marie Vernet, Brice Brossette, Chloé Prugnières, Jonathan Grainger. Children in French overseas departments are at a 3-fold increased risk of developing reading problems. International Journal of Educational Development, 2025, 115, pp.103277. ⟨hal-05043884v1⟩

Article en texte intégral : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0738059325000756

Crédits d'image : L. Persia-Leibnitz

Le nouveau cahier d’activités des Linguistes atterré·es vient de sortir… et trois mots marseillais entrent au Petit Robert 2026 !

Quoi de mieux qu’un cahier d'activités pour s’occuper pendant les longs week-ends ou les grandes vacances! Les Linguistes atterré·es viennent d’en concocter un tout nouveau, tout beau avec une centaine de jeux pour tester vos connaissances et découvrir la langue française autrement. Médéric Gasquet-Cyrus, membre de ladite association et enseignant-chercheur au LPL-amU, y a contribué !

 Et ce n’est pas tout. Médéric a également participé à l'édition 2026 du Petit Robert en tant que conseiller, avec notamment l'entrée de trois mots marseillais que vous connaissez (et utilisez ?) certainement : tarpin, gâté·e, tanquer :

 

Apprendre à lire commence tôt : les bénéfices d’une exposition précoce à l’écrit

Nous avons le plaisir de vous communiquer le dernier article publié par Stéphanie Ducrot (LPL) en collaboration avec Jonathan Grainger (CRPN) dans Journal of Experimental Child Psychology :

Référence : Stéphanie Ducrot, Jonathan Grainger. The development of letter representations in preschool children is affected by visuomotor integration skills and visual field asymmetries. Journal of Experimental Child Psychology, 2025, 257, pp.106277. ⟨hal-05042015⟩

L’article en texte intégral : https://doi.org/10.1016/j.jecp.2025.106277

Résumé :
Être capable de reconnaître les différentes lettres de l’alphabet, quelle que soit leur orientation, est une compétence clé qui se développe à l’école maternelle. Quatre-vingt-un enfants de 4 à 5 ans ont participé à une étude longitudinale en oculométrie, au cours de laquelle ils devaient distinguer des lettres — présentées à l’endroit ou à l’envers (rotation à 180°) — de symboles géométriques. Les résultats indiquent que le développement des représentations des lettres chez les enfants d’âge préscolaire est étroitement lié à l’émergence d’un avantage du champ visuel droit, reflet d’un balayage attentionnel de gauche à droite. Cette latéralisation semble aller de pair avec la maturation des compétences d’orientation de l’attention et d’intégration visuomotrice. Nos données suggèrent que la consolidation des représentations orthographiques précoces dépend de ces compétences visuo-attentionnelles et visuo-motrices, elles-mêmes influencées par l’exposition à l’écrit et la pratique graphomotrice. D'un point de vue pratique, ces résultats soulignent l’intérêt, dès la maternelle, de renforcer les activités d’écriture manuscrite, en particulier lorsqu’elles s’accompagnent d’un entraînement perceptif ciblé sur les traits distinctifs des lettres et d’une exposition à des formes variées d’écriture. De telles pratiques pourraient favoriser l’encodage orthographique et faciliter la mise en correspondance graphème-phonème, étape clé dans l’apprentissage de la lecture.

Crédits d'image : Les auteurs