Résumé :
En morphologie, la fréquence de types des différents patterns dans les formes existantes a une influence considérable sur leur productivité. Cependant, ce facteur s’avère parfois insuffisant pour expliquer la productivité de certains patterns. On peut alors s’interroger sur les autres facteurs jouant un rôle dans la construction des représentations qui guident la productivité morphologique. Cette thèse aborde cette question en explorant des situations linguistiques dans lesquelles l’influence des fréquences de types est limitée par un faible nombre de formes existantes et/ou parce qu’elles entrent en conflit avec les nouveaux inputs que reçoivent les locuteurs lors d’une interaction.
Nos résultats montrent que les fréquences de types jouent effectivement un rôle majeur dans la productivité. Néanmoins, il arrive que les locuteurs ne parviennent pas à abstraire un pattern lorsque le nombre de formes existantes est trop faible. Dans cette situation, certains patterns sont sous- ou sur-représentés dans les nouvelles formes, comparé à leur fréquence dans les formes existantes. L’existence de préférences qui ne sont pas motivées par les fréquences de types suggère que les locuteurs ont des biais inhérents pour certains patterns.
De plus, les locuteurs sont capables de rapidement converger vers un partenaire d’interaction, même lorsque cela va à l’encontre des tendances observées dans les formes existantes. Ainsi, les locuteurs peuvent graduellement modifier leurs préférences en raison de l’effet cumulé de la convergence morphologique lors de multiples interactions. Par conséquent, la convergence pourrait jouer un rôle important dans l’évolution des patterns morphologiques.