Cette thèse s’inscrit dans une approche « cognition incarnée » qui considère la mémoire comme un système unique à traces multiples, capable de simuler les composantes sensorimotrices et émotionnelles des expériences passées afin de former les souvenirs et les connaissances (Barsalou 2003, 2008). L’objectif est de savoir si les personnes âgées activent la composante motrice lorsqu’ils accèdent à une connaissance et, dans l’affirmative, si le fait de l’avoir activée facilite la reconnaissance ultérieure de cette connaissance. Trois expériences conduites impliquaient deux groupes expérimentaux des personnes vivant en EHPAD et souffrant de pathologies neurodégénératives (groupe 1 – âge moyen 75 ans et groupe 2, âge moyen 90 ans) ainsi qu’un groupe contrôle vivant à domicile (âge moyen 75 ans). Deux expériences utilisant un paradigme d’amorçage sensorimoteur étaient proposées afin d’examiner l’effet de l’amorçage moteur et taxonomique sur la tâche de catégorisation (motrice et catégorisation). Les stimuli étaient des images d’ustensiles de cuisine et d’outils. Les résultats montrent que l’effet d’amorçage moteur (l’amorce et la cible impliquent un geste d’utilisation similaire) est préservé dans les trois groupes. L’amorce et la cible étant des stimuli visuels, l’effet de l’amorçage moteur provient de la composante motrice simulée. Un effet d’amorçage taxonomique existe également mais il reste dépendant de l’amorçage moteur et de la nature de la tâche. Dans la troisième expérience, les participants étudiaient le matériel (images d’ustensiles de cuisine et d’outils) dans trois conditions différentes : taxonomique, motrice et perceptive. Les résultats montrent que le bénéfice du traitement moteur à l’étude était avéré lors de la reconnaissance chez tous les sujets.
Ainsi, nos travaux suggèrent que la simulation de la composante motrice reste préservée chez les personnes âgées dans le vieillissement « normal » et « pathologique ».