Résumé :
La négation et les dépendances négatives sont des sujets d’étude qui ont fasciné et fascinent encore aussi bien les linguistes et les philosophes que les psychologues et désormais également, les neurologues. En effet, si l’on sait que la négation est un phénomène linguistique universel, spécifiquement humain, présent dans toutes les langues, mais pas dans la communication animale, il n’en reste pas moins que la diversité foisonnante de ses manifestations linguistiques ne cesse de surprendre, posant et reposant la question de ce qui pourrait bien motiver une telle variété de formes pour un sens qui ne peut être cognitivement que fondamentalement commun. Peut-être plus que tout autre phénomène dans le langage, la négation interroge avec force l’articulation de l’universel avec le particulier. C’est ce dialogue, fondateur de bien des recherches linguistiques, qui a mis la négation et ses dépendances au cœur de mes recherches. Au fil des années, j’ai abordé dans mes travaux la question de la négation et de ses dépendances dans divers de leurs aspects, l’acquisition, la complexité de leur émergence et de leur variation syntaxique et sémantique dans la diachronie et dans les langes créoles, l’investigation de leur compréhension du point de vue expérimental, la relation entre intonation et interprétation ou encore l’impact de la négation sur la résonance motrice dans la compréhension des verbes. Mon but sera ici de présenter quelque uns de ces travaux pour susciter la discussion et ouvrir de nouvelles perspectives, sans souci pour autant d’en proposer une synthèse unificatrice.