Avec des interventions de Amelia Pettirossi (LPP), Alexia Mattei (LPL) et Annabelle Capel (Hôpital La Conception, Marseille)...
Séminaire du LPL - équipe POP
Lundi, 15 mars 2021 à 15h30, en ligne
15h30 – 16h30 : Amelia Pettirossi (Laboratoire de Phonétique et Phonologie, Paris)
La dysphonie chez les professeures des écoles : perception et représentations
Cette recherche s’intéresse à l’impact de la dysphonie à travers trois grands axes : la représentation de sa propre voix, la transmission du message et la perception d’autrui. Nous nous basons sur une population de 61 femmes professeures des écoles (PE) enregistrées en conditions contrôlées. À partir d’une évaluation perceptive experte sur l’échelle GRBAS, nos locutrices ont été catégorisées en deux groupes de 37 témoins et 24 dysphoniques légères. D’importantes plaintes vocales sont observées chez les locutrices dysphoniques comme témoins avec pour conséquence une altération de leur qualité de vie. L’analyse des productions de nos locutrices en lecture « calme » ou « face à une classe bruyante » suggère que les PE utilisent des stratégies d’adaptation pour palier un environnement de classe bruyant et que cette capacité d’adaptation est partiellement bridée chez les locutrices dysphoniques. La dysphonie semble également impacter la transmission de l’information à destination d’élèves de 7 à 10 ans puisque des temps de réaction plus longs sont relevés lors du décodage du contraste de voisement dans une tâche d’identification de mot lorsque la consigne est produite par une locutrice dysphonique. Enfin, suite à une première tâche de catégorisation libre, l’attribution de traits de personnalité par un panel d’auditeurs naïfs se basant uniquement sur la voix des PE met en évidence des profils vocaux associés à des représentations plus ou moins positives. Un accord modéré est constaté entre l’évaluation experte de la dysphonie et le degré de trouble vocal perçu par les naïfs puisque ces derniers ont une perception positive de la raucité vocale. En effet, les mesures acoustiques qui rendent le mieux compte de l’évaluation perceptive experte ne sont pas les mêmes que celles utilisées par les naïfs lors de l’attribution de traits de personnalité.
16h30 – 17h00 : Alexia Mattei (LPL) et Annabelle Capel (Hôpital La Conception, Marseille)
Les professionnels de la voix : bilan vocal adapté. L’exemple des enseignants
De nombreuses professions impliquent une sollicitation vocale majeure et donc la nécessité d’une fonction vocale tout aussi efficace qu’endurante : enseignants, comédiens, commerciaux, employés de centres d’appels téléphoniques, etc. Parmi celles-ci, le corps enseignant constitue un exemple de choix du fait du nombre de patients concernés et de la littérature abondante les concernant. Nous nous baserons donc sur ces professionnels de la voix pour justifier et détailler un bilan vocal adapté.
Le bilan vocal d’un professionnel de la voix doit en effet prendre en compte les spécificités liées à sa profession pour mieux identifier les facteurs individuels et environnementaux de forçage vocal et ainsi cibler par la suite les axes rééducatifs.
L’interrogatoire classique doit être complété chez l’enseignant par un interrogatoire plus spécifique : historique vocal, parcours professionnel et conditions d’exercice. L’examen laryngoscopique recherchera en particulier des nodules, pathologie la plus fréquente dans ce corps de métier. Le bilan vocal classique sera enrichi de mesures propres à la problématique du corps enseignant (enregistrement en situation écologique, étude de la posture, de la prosodie, etc.).