Résumé : L’acquisition d’un second dialecte (ASD) concerne les individus qui, en s’installant dans une nouvelle région ou un nouveau pays, se retrouvent régulièrement exposés à une autre variété géographique de leur langue maternelle. Cette immersion linguistique déclenche un processus d’apprentissage qui peut entraîner des modifications dans leurs pratiques langagières. Ce phénomène, bien qu’étudié depuis les années 1980, demeure sous-exploré. La recherche sur l’ASD s’est principalement concentrée sur l’anglais (Chambers 1991 ; Nycz 2015) et repose souvent sur l’observation de traits linguistiques dans le parler spontané de locutaires mobiles. Or, cette approche a été critiquée pour son incapacité à distinguer l’acquisition d’un trait de son usage observable. Par exemple, Nycz (2015 : 477) souligne que l’usage de traits du second dialecte peut être considéré comme une preuve que l’acquisition a eu lieu, mais que l’absence d’usage n’indique pas clairement une absence d’acquisition. La chercheuse appelle ainsi au développement de nouvelles méthodologies qui permettent d’examiner plus finement l’ASD.
Notre projet s’inscrit dans cette perspective et étudie l’acquisition du français québécois par des Montréalais·es originaires de France. Il combine une approche variationniste traditionnelle (Labov, 1792) et une approche cognitive émergente (Chevrot et al. 2015 ; Buchstaller 2016 ; Harrington et al. 2018). Cette présentation portera sur le volet cognitif, lequel s’appuie sur une tâche expérimentale en deux parties – perception et répétition – inspirée de Buson et al. (2018), ainsi que sur un entretien post-expérimental, basé sur la méthode « review » de Montgomery & Moore (2018). Une discussion des premiers résultats permettra de montrer comment le recueil de ces données complémentaires aide à mieux cerner les mécanismes cognitifs impliqués dans l’ASD.