Variabilité de la parole : les nuances de la réduction phonétiques dans le discours conversationnel

07 October 2025 par Claudia Pichon-Starke
Kübra Bodur vient de publier un article dans Speech Communication, en collaboration avec Corinne Fredouille, Stéphane Rauzy et Christine Meunier..

Nous avons le plaisir de vous annoncer la dernière publication de Kübra Bodur (LPL) dans Speech Communication, en collaboration avec Corinne Fredouille (LIA), Stéphane Rauzy et Christine Meunier (LPL).

Référence : Bodur, K., Fredouille, C., Rauzy, S., & Meunier, C. (2025). Exploring the Nuances of Reduction in Conversational Speech: Lexicalized and Non-Lexicalized Reductions. Speech Communication, 173, 103268.

Article en texte integral : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0167639325000834

Par ailleurs, Kübra soutiendra le 29 octobre prochain sa thèse qui vise notamment à mieux comprendre le phénomène de la réduction de la parole, en s’appuyant sur des études empiriques issues de la phonétique, de la prosodie et de la recherche développementale.

 Résumé de l’article :
La réduction phonétique, entendue comme l’ensemble des modifications segmentales qui aboutissent à une réalisation affaiblie, raccourcie ou simplifiée d’une forme attendue, constitue un phénomène central de la parole spontanée. Cette étude a pour objectif de mieux comprendre les mécanismes de la réduction phonétique, dont l’influence peut varier selon les caractéristiques d’unités linguistiques.
Nous proposons de distinguer deux types de réductions : les formes lexicalisées, qui se sont plus ou moins stabilisées dans la langue (comme chépa pour je ne sais pas (Figure 1), et les formes non lexicalisées, plus contextuelles et variables selon le débit de parole ou le style du locuteur.
Pour tester si ces deux types de réduction obéissent aux mêmes facteurs ou non, nous avons combiné une analyse de séquences fréquentes et perceptibles avec une détection automatique sur corpus en se concentrant sur les sequences temporellement réduites.
Les résultats montrent que les réductions lexicalisées dépendent surtout de la durée de parole, tandis que les réductions non lexicalisées sont davantage influencées par le débit articulatoire et par certaines contraintes prosodiques ou morpho-syntaxiques. Nous observons aussi que certains segments (Figure 2) et certaines expressions, comme tu sais, sont plus souvent réduits selon leur rôle dans le discours.
Cette étude révèle ainsi que la réduction en parole n’est pas un phénomène unique, mais qu’elle correspond à des processus distincts, influencés par différents facteurs. Elle ouvre la voie à une meilleure compréhension de la variabilité de la parole et de son lien avec la structure du langage.