Soutenance de thèse de Lena Marie Huttner

Soutenance de thèse de doctorat de

Lena Marie Huttner

Mardi 18 juin 2024 à 14h

LPL, salle de conférences B011

The Categorization of Speech Sounds as a Collective Decision Process

Sous la direction de Noël Nguyen (LPL/AMU) et Martin Pickering (U. Edinburgh)

Jury :
Chiara Gambi (University of Warwick, Rapporteur)
Patti Adank (University College London, Rapporteur)
Eleanor Chodroff (University of Zurich, Examinatrice)
Kristof Strijkers (AMU, Président)
Noel Nguyen (AMU, directeur)
Martin Pickering (University of Edinburgh, co-directeur).

Résumé :
Dans la perception de la parole, les auditeurs intègrent des informations sur divers indices acoustiques pour attribuer de manière cohérente le signal à sa catégorie perceptive. Ces catégories perceptuelles ne sont pas entièrement définies par les propriétés acoustiques du signal mais sont établies dans l’interaction sociale. Même les membres de la même communauté linguistique présentent des schémas de catégorisation différents. En dialogue, deux interlocuteurs peuvent alors devoir convenir d’une catégorisation d’un signal afin de se comprendre mutuellement. Cependant, la façon dont cela peut se produire est un phénomène peu compris. Selon le inter- active alignment account les interlocuteurs réussissent à communiquer en alignant automatiquement leurs représentations à chaque niveau linguistique, y compris au niveau phonologique. Cette thèse explore si les interlocuteurs en viennent à partager la catégorisation d’un signal. Et comment les adaptations de la perception pourraient être liées aux adaptations de la production. Les deux premières expériences visent à étudier l’influence de l’interaction sociale sous forme d’échange d’informations entre dyades interactives sur la catégorisation des sons de la parole : Dans une tâche d’association son-image, les participants regroupés en dyades devaient convenir d’une correspondance entre cinq stimuli acoustiques sur un continuum et deux images. Il y avait deux conditions expérimentales. Dans l’une, les partenaires recevaient des com- mentaires sur le fait que leur association correspondait à celle de leur partenaire, dans l’autre, les participants effectuaient la tâche eux-mêmes, sans recevoir de commen- taires. Nous avons demandé si l’échange d’informations entre les dyades interactives influencerait l’accord et la catégorisation des stimuli entendus. Dans une deuxième expérience, les participants ont réalisé une tâche de catégorisation individuelle après la catégorisation interactive pour examiner si l’interaction avait un effet durable sur la perception des participants. L’interaction a eu une influence significative sur la catégorisation globale des stimuli. Le mécanisme sous-jacent permettant aux partici- pants de se coordonner reste cependant encore peu clair. L’alignement, en tant que mécanisme automatique permettant la compréhension, présuppose également la parité des représentations. Deux expériences ont été menées pour examiner comment les adaptations de la perception pourraient être liées aux adaptations de la production. Dans une expérience en ligne avec des conditions 2×2, les participants ont été invités à catégoriser neuf stimuli sur un continuum de VOT et à produire de la parole avant et après avoir joué à un jeu avec un bot. Pendant le jeu, les participants ont été formés sur une correspondance son-mot avec une tendance vers l’un des points terminaux ; la moitié des participants ont ensuite alterné entre la catégorisation et la production des stimuli. Les résultats indiquent que la perception et la production ne s’ajustent pas symétriquement au cours d’une interaction. Dans une quatrième expérience, ce lien est exploré plus avant en demandant à la moitié des participants d’imiter ou de répéter la production du locuteur modèle pendant la tâche interactive. L’imitation a été dé- montrée pour affecter la convergence phonétique dans la production. Nous avons en outre inclus une deuxième paire minimale en tant que stimuli. Les adaptations de la perception et de la production semblent être non corrélées. Dans l’ensemble, les ré- sultats suggèrent que les participants peuvent facilement adapter leur comportement de catégorisation les uns aux autres. La perception et la production sont toutes deux influencées par le stimulus, mais les adaptations ne sont pas parallèles. Cela indique que les interlocuteurs peuvent ajuster dynamiquement leurs besoins communicatifs mutuels dans l’interaction.