Résumé :
Le manuel scolaire est un outil pédagogique présent dans toutes les classes en France et plébiscité par les enseignants. Pourtant, dans le cas des ouvrages d’histoire, leur appropriation
est difficile : les textes composant les leçons sont peu lisibles. Cette recherche se donne pour objectif d’étudier la lisibilité d’un ensemble de textes explicatifs présents dans un corpus composé de 24 manuels scolaires d’histoire à destination d’élèves de CM1 et CM2 (9 à 11 ans). A partir de ces premiers résultats, nous nous proposons de comprendre le rôle de l’aspect lexico-syntaxique des textes dans la lisibilité. Pour effectuer cette étude, l’ensemble des textes sélectionnés ont été analysés à l’aide d’outils mathématiques et informatiques. Puis nous les avons comparés avec des listes de fréquence lexicale pour tenter de dégager les mots « difficiles » du texte, qui, par la suite, seront qualifiés de potentiellement opaques. Nous avons pour cela créé une échelle de complexité. Une confrontation avec des élèves de CM1 et CM2 a été menée afin d’éprouver les résultats et de proposer des pistes didactiques à l’enseignant.
Une approche computationnelle pour caractériser les dynamiques interpersonnelles dans les conversations naturelles
Sous la direction de Laurent Prévot (LPL) et Benoit Favre (LIS)
Jury :
Prof. Julia Hirschberg, Columbia University
Prof. Giuseppe Riccardi, Università degli Studi di Trento
Prof. Stefan Benus, Constantine the Philosopher University
Cr. Roxane Bertrand, LPL
Directeur : Prof. Laurent Prevot, LPL
Co-Directeur : Prof. Benoit Favre, LIS
Lors d’une conversation, les participants ont la tendance à accorder, consciemment ou non, leur production communicative par rapport à leur interlocuteur. Il est généralement admis que dans des circonstances normales, ce phénomène entraîne une convergence des paramètres de parole des deux participants.
Alors que ces études impliquent souvent des conditions de laboratoire contrôlées, les mécanismes qui régissent le phénomène dans les conversations naturelles sont moins connus, en raison du flux spontané des conversants et de la grande variabilité des paramètres suivis. En outre, on ne sait pas encore très bien comment les participants modifient leur style de parole (la dynamique c’est-à-dire) au cours de la conversation et quels sont les facteurs qui influencent ces modifications. Cette thèse présente une nouvelle méthodologie pour aborder ces aspects, ce qui donne lieu aux contributions suivantes :
Dans la première partie, nous effectuons une étude de réplication pour le speech rate dans le dataset Switchboard, confirmant que, à l’ensemble du niveau de la conversation, les locuteurs convergent vers la ligne de base du speech rate de leur interlocuteur. Dans le prolongement de l’étude initiale, nous soulignons la fragilité relative des effets de convergence lorsque l’on réduit la taille de l’ensemble de données.
Ensuite, au-delà des conversations entières, nous explorons la dynamique des effets de convergence en comparant les caractéristiques acoustiques-prosodiques des deux moitiés d’une conversation en termes de tours. Les résultats montrent que l’énergie et le speech rate ont tendance à converger dans la seconde moitié d’une conversation par rapport à leurs valeurs dans la première moitié.
Afin de mieux comprendre l’impact des speech activities sur la convergence, nous avons répété le même expérience avec une restriction aux actes de dialogue de type statement, opinion et back channel, sous l’hypothèse que ces grandes classes d’activités devraient conduir à des dynamiques de convergence spécifiques. Des effets de convergence plus forts sont observés au sein des classes, même si la taille de l’échantillon est beaucoup plus petite que pour l’ensemble de données non contrôlé.
Dans l’hypothèse où la dynamique de convergence pourrait être le résultat d’effets non linéaires, nous proposons de formuler le problème comme la prévision de la direction de la variation des paramètres acoustiques-prosodiques dans la seconde moitié d’une conversation, compte tenu des valeurs de la première moitié et des métadonnées du locuteur. Nous formons un classificateur de forêt aléatoire et étudions l’effet des caractéristiques d’entrée sur la précision de la prédiction de la dynamique de convergence.
Enfin, nous approfondissons l’étude de la dynamique de la convergence avec une segmentation plus fine des conversations au niveau des tours. Un classificateur est utilisé pour prédire la moyenne de l’énergie, F0 range et le speech rate dans le tour à venir en utilisant les informations de l’historique des tours précédents. Un classificateur LSTM hiérarchique conçu pour la tâche est alimenté par des embeddings lexicaux, des actes de dialogue et des caractéristiques acoustiques et prosodiques. L’inclusion de fonctions d’interlocuteur, par rapport à la restriction de l’entrée au locuteur actuel, montre une meilleure prévisibilité des paramètres de la parole, ce qui montre indirectement que la dynamique de convergence peut être suivie au sein d’une conversation au niveau du tour.
Ces résultats approfondissent la compréhension des effets de convergence dans les ensembles de données non contrôlées et offrent des approches et des méthodes nouvelles pour mieux contrôler la variabilité des conversations naturelles dans le cadre d’un paradigme de tâche de prédiction.
LPL, salle A003, 5 avenue Pasteur, Aix-en-Provence
(Session à huis clos, information sur un éventuel accès en ligne à venir)
Ana Zappa
(LPL-AMU)
Embodied semantics put to the test: electrophysiological evidence from virtual reality and classical environments
Sous la direction de Cheryl Frenck-Mestre
Jury :
Rapporteure du jury : FOUCART, ALICE
Rapporteur du jury : COELLO, YANN
Membre du jury : BOULENGER, VÉRONIQUE
Directrice : FRENCK MESTRE, CHERYL
Membre du jury : MESTRE, DANIEL
Bien que la neuro-imagerie et les études comportementales aient montré un recrutement des systèmes sensorimoteurs lors du traitement sémantique, le rôle et le décours temporel de ces activations doivent encore être précisés. Notre objectif était donc d’observer les différents contextes dans lesquels l’activation motrice peut contribuer à la compréhension et à l’apprentissage du langage, en utilisant des environnements interactifs et écologiques. Dans une première étude, des apprenants novices ont acquis un vocabulaire restreint dans une deuxième langue (L2) au travers de jeux interactifs sur ordinateur. Les résultats comportementaux et en électroencéphalographie (EEG) ont indiqué un apprentissage rapide de mots en L2. Par contre, les potentiels évoqués ont révélé un effet de congruence de genre grammatical : seuls les mots ayant le même genre dans la première et la deuxième langue ont produit un effet N400 (réponse à la congruence/incongruence de paires de mots auditifs et d’images), indiquant que ceux-ci ont été mieux intégrés. Dans une deuxième étude, nous avons utilisé un paradigme de compatibilité entre phrases d’action et actions réalisées par le participant (Action-sentence compatibility effect, ou ACE) pour mesurer les effets de la préparation motrice sur le traitement du langage. Les résultats en EEG ont montré une plus grande amplitude de la N400 pour des essais congruents par rapport aux essais incongruents, ce qui suggère une interférence provoquée par la compatibilité entre les processus moteurs et langagiers. Dans les études 3 et 4, nous avons combiné la réalité virtuelle (RV) et l’EEG pour analyser des interactions entre le traitement du langage et l’activation motrice. Dans l’étude 3, les participants ont entendu des verbes d’action dans leur langue maternelle et ont effectué diverses actions sur un objet virtuel dans un environnement virtuel hautement immersif, le Cave automatic virtual environment (CAVE), pendant une tâche de Go-Nogo. Des analyses en temps-fréquence du signal EEG ont montré des activations motrices dans les deux conditions, avant tout mouvement physique. Cette activation était plus importante pour les essais « Go » que pour les essais « Nogo ». Notre dernière étude (prévue) est un registered report qui vise à déterminer les corrélats neuronaux de l’apprentissage incarné d’une deuxième langue. Les participants encoderont des verbes d’action auditifs à l’aide d’un casque de réalité virtuelle interactive en effectuant des actions spécifiques pour manipuler un objet virtuel. Dans un design pré-/post-entraînement, l’apprentissage sera évalué avec des mesures EEG et comportementales et comparé à l’apprentissage dans une condition où les participants pointent vers l’objet.
Le travail présenté dans cette thèse constitue un pas important vers une meilleure compréhension de la relation subtile entre les processus moteurs et sémantiques. En tirant profit des nouvelles technologies qui permettent de manipuler et contrôler l’environnement, notre travail ouvre de nouvelles perspectives pour prendre en compte la nature contextuelle de notre apprentissage et de notre compréhension du langage.
Stimulation cérébrale profonde dans la dystonie généralisée isolée : impact sur la parole et la voix
Sous la direction de Roxane Bertrand et Serge Pinto
Jury :
Mme Cécile Fougeron - Directrice de recherche à l'Université Paris 3 - Rapportrice du jury
Mme Elena Moro - Professeure des universités à l'Université Grenoble Alpes - Rapportrice du jury, praticienne hospitalière
Mme Christine Meunier - Directrice de recherche CNRS-AMU - Membre du jury
M. Rui Rothe-Neves - Professeur étranger à l'Université fédérale Minas - Membre du jury Gerais (Brésil)
Mme Marie Vidailhet - Professeure des universités à l'Université Paris 6 - Membre du jury, praticienne hospitalière
Mme Roxane Bertrand - Chargée de recherche CNRS-AMU - Co-Directrice
M. Serge Pinto - Directeur de recherche CNRS-AMU - Directeur
Résumé :
L’impact de la stimulation cérébrale profonde (SCP) du globus pallidus interne (GPi) dans la dystonie généralisée isolée (DGI) a largement été étudié. Seulement, l’étiologie de la dystonie semble parfois conditionner la réponse thérapeutique sur les symptômes moteurs. Par conséquent, la combinaison du GPi à d’autres cibles comme le thalamus centromédian (CM) ou le noyau sous-thalamique (NST) a été une alternative pour nos patients atteints de DGI. Les études dans la DGI portent principalement sur la SCP et ses effets sur les mouvements anormaux, cependant, il manque cruellement d’investigation montrant les effets de ce traitement sur la parole dystonique. Construit autour de deux études, ce projet doctoral a pour objectif de montrer la pertinence de caractériser la parole dans la DGI, grâce aux évaluations cliniques, de perception et de production de la parole. Puis, de montrer l’impact de la SCP du GPi associé à une autre cible (le CM ou le NST) dans la parole dystonique. Les résultats de la première étude mettent en évidence une prédominance de la dysphonie chez tous les patients atteints de DGI et des troubles de l’organisation temporelle de la parole et de la fluence verbale chez les patients ayant une dysarthrie hyperkinétique sévère. Enfin, les résultats de la deuxième étude montrent que la SCP du GPi améliore les mouvements anormaux et les caractéristiques hyperkinétiques de la parole dans la DGI. A l’inverse, elle aggrave ou induit des caractéristiques hypokinétiques de la parole. Enfin, la stimulation de deux cibles chirurgicales est une alternative, seulement en cas d’efficacité incomplète du GPi seul.
Mots clés : dysarthrie hyperkinétique, stimulation cérébrale profonde, évaluations cliniques, perception parole, production parole.
Laboratoire Parole et Langage - 5 avenue Pasteur - 13100 Aix-en-Provence - Salle A003
Ulrike Albers
(LPL-AMU)
Le syntagme nominal en créole réunionnais : forme et interprétation
Sous la direction de Georges Daniel Véronique
Jury :
Enoch O. ABOH, University of Amsterdam, Rapporteur
Patricia CABREDO HOFHERR, UMR 7023 SFL-CNRS & Paris 8, Rapporteur
Claire BEYSSADE, Université Paris 8, Examinateur
Sybille KRIEGEL, LPL & Université d’Aix-Marseille, Examinateur
Georges Daniel VÉRONIQUE, LPL & Université d’Aix-Marseille, Directeur de thèse
Résumé :
Cette thèse propose une description synchronique du système de détermination nominale du créole réunionnais, ainsi qu’une analyse de l’interprétation des syntagmes nominaux (SN). Elle inclut des données nouvelles provenant d’une part d’un ensemble de corpus oraux et d’autre part de jugements de grammaticalité et de félicité. Nous examinons la distribution des différents SN, le statut morphosyntaxique des éléments figurant en position pré- et postnominale, le système du nombre, ainsi que l’expression de la définitude en réunionnais. Nous analysons une distinction opérée par trois formes différentes (SN nu ; lo+N ; N+-la) qui assument chacune un rôle différent dans une division de la définitude (definiteness split) similaire à celle décrite par Ebert (1971) et nous l’expliquons à travers la théorie de la définitude proposée par Löbner (1985 ; 2011; 2015).
Mots-clés : syntagme nominal ; définitude ; créole réunionnais ; nombre ; déterminants ; syntagme nominal nu
A la croisée des sciences du langage et de la didactique du français langue étrangère (FLE), cette recherche doctorale s’intéresse à l’enseignement de la grammaire et à la transposition d’une catégorie fondamentale et complexe de la langue française : le verbe. Nous cherchons à décrire et à analyser, de manière écologique et compréhensive, les pratiques grammaticales de l’enseignant de FLE aux prises avec les propriétés morphologiques, syntaxiques, lexicales et énonciatives de la catégorie verbale en français. Le terrain de la recherche est composé de trois enseignantes de FLE exerçant dans un centre de langue universitaire en France. Nous avons recueilli des observations de classe (niveaux A2 et B1.1) incluant l’enseignement de temps verbaux. Outre la mise au jour des trames d’enseignement, les synopsis de classe ont permis le découpage d’extraits significatifs qui révèlent les gestes didactiques des enseignantes et sur lesquels ces dernières ont été invitées à mettre des mots par le biais d’entretiens d’autoconfrontation afin de faire émerger les motifs de l’action didactique et les obstacles rencontrés. Après avoir brossé le portrait du verbe du point de vue de la linguistique, de l’acquisition et de la didactique, nous montrerons que les pratiques grammaticales des enseignantes s’inscrivent dans une tradition écrite du traitement morpho-verbal et que la mise au jour des emplois du temps verbal est au cœur d’une pratique grammaticale à haut risque. Des préconisations pour l’enseignement du verbe en FLE seront finalement formulées.
Mots-clés : ENSEIGNANT DE FRANÇAIS LANGUE ÉTRANGÈRE, PRATIQUE GRAMMATICALE, VERBE, GESTES DIDACTIQUES, SYNOPSIS, AUTOCONFRONTATION
Les traitements chirurgicaux des cancers du larynx induisent des séquelles vocales importantes. Ces dernières peuvent être compensées par une rééducation orthophonique, cependant, certains patients conservent une plainte concernant non pas leur voix, mais leur parole. Les paramètres du timing de la parole tels que le débit de parole ou encore la vitesse articulatoire sont impactés par la chirurgie. La littérature est abondante en ce qui concerne les séquelles vocales après laryngectomies partielle ou totale ; en revanche, l’altération de la parole après ces chirurgies n’a été que peu étudiée. Partant d’un constat clinique – celui de la plainte de nos patients- nous avons entrepris d’étudier certains composants de la parole.
La théorie de la variabilité́ adaptative de la parole développée par Lindblom, précisée par le modèle hypo/Hyper speech, a servi de base à notre travail. Les patients opérés du larynx souffrent d’une grande difficulté́ à initier et maintenir le voisement au cours de la parole. Nous avons émis l’hypothèse qu’ils adaptent leur façon de parler en ayant recours à une stratégie d’hyper-articulation ; modifiant la parole au point d’engendrer la diminution, voire la disparition, de certains phénomènes normaux, comme la coarticulation. Les sujets, procédant alors à une véritable ré-organisation temporelle de leur parole, produiraient des patterns rythmiques anarchiques responsables du caractère peu naturel de leur parole.
Six expérimentations ont été réalisées en deux phases distinctes afin de répondre à nos hypothèses. La première phase a mesuré́ la coarticulation au sein d’une population de sujets opérés d’une laryngectomie partielle (LP) et d’une population de sujets opérés d’une laryngectomie totale (LT). Les résultats ont montré́ une diminution de la coarticulation après LP, et sa disparition après LT. La deuxième phase expérimentale portait sur une nouvelle population de sujets LT. Les paramètres du timing de leur parole tels que les pauses, le débit de parole et la vitesse articulatoire, ont été étudiés. Ces paramètres ont ensuite été corrélés à l’évaluation perceptive et objective des voix. Une grande quantité́ de pauses, responsable, entre autres, de l’absence de coarticulation et d’un jugement perceptif négatif, ont été mis en évidence.
Ces travaux confirment les modifications de la parole engendrées par la chirurgie laryngée et l’intérêt de les étudier.
Pour comprendre un énoncé ironique, il nous faut différencier ce que le locuteur dit de ce qu’il veut signifier en intégrant les différentes informations contextuelles à notre disposition (Grice, 1975 ; Searle, 1978).
Ce travail de thèse a eu pour vocation, en utilisant le cadre du modèle de Satisfaction de Contraintes, de déterminer, pour la première fois en français, le rôle joué par plusieurs types de contraintes (i.e., pragmatiques, linguistiques et socioculturelles) dans la compréhension des critiques et des compliments ironiques.
Suite à une première étude, nos résultats ont mis en évidence que l’incongruité entre le contexte et l’énoncé était un indice plus fort que la prosodie lors de la compréhension de critiques ironiques. Les résultats des études suivantes ont confirmé le rôle majeur des contraintes pragmatiques (i.e., allusion à une attente déçue, tension négative et présence d’une victime) dans l’interprétation des critiques ironiques et ont montré la contribution, bien qu’à un niveau moindre, de contraintes socioculturelles dans la compréhension des critiques et des compliments ironiques. Ces résultats nous ont aussi permis de confirmer l’asymétrie de l’ironie et de montrer que les contraintes pragmatiques contribuant à la compréhension des compliments ironiques seraient différentes de celles contribuant à la compréhension des critiques ironiques.
Au-delà des symptômes cardinaux qui caractérisent la maladie de Parkinson (MP) – tremblement, akinésie, et rigidité – des déficits rythmiques se manifestent dans différents domaines de coordination motrice, comme au niveau du membre supérieur, de la sphère oro-faciale, ou de la marche. Des altérations rythmiques sont également mises en évidence sur des tâches de perception de rythme (i.e., sur des tâches n’impliquant pas de production motrice). Face à l’étendue des dysfonctionnements rythmiques dans la MP, l’hypothèse d’une dysrythmie généralisée a été formulée. Cette hypothèse implique que l’ensemble des altérations rythmiques qui s’observent au travers de diverses tâches et dans différents systèmes effecteurs partage des mécanismes causaux communs. Néanmoins, cette proposition n’a pas été confirmée à ce jour, et nombre de questions demeurent, tant sur le plan théorique que clinique : les déficits rythmiques caractéristiques de la MP sont-ils réellement liés ? Une source commune aux manifestations rythmiques déficitaires est-elle envisageable ? Si tel est le cas, quels en sont les corrélats cérébraux, et les retombées cliniques ? Elaborée autour de deux principaux axes de recherche, cette dissertation avait pour objectif principal de tester l’hypothèse d’une dysrythmie généralisée dans la MP, au travers de deux questions : i) existe-t-il des liens entre trois domaines de production rythmique (i.e., coordinations oro-faciale, manuelle, et de marche) et un domaine perceptif dans la MP ?; et ii) quel est l’impact d’un entraînement rythmique d’un domaine moteur (i.e., coordination rythmique manuelle) sur d’autres domaines de coordination motrice (i.e., oro-faciales et de la marche) ? L’ensemble des résultats confirme l’hypothèse d’une dysrythmie généralisée dans la MP, et l’existence très probable d’altérations de mécanismes en lien avec une fonction prédictive générale qui, lorsqu’elle est la cible d’un entraînement rythmique, pourrait permettre de réduire certains troubles moteurs dans la MP.
Laboratoire Parole et Langage, salle de conférences B011, 5 avenue Pasteur, Aix-en-Provence
Aurélie Goujon
(LPL-AMU)
Indices d’incompréhension et séquences de réparation dans l’interaction en face-à-face : une analyse multimodale
Sous la direction de
Marion Tellier et Roxane Bertrand
Résumé Peu d’études jusqu’à présent se sont intéressées à l’interlocuteur et à l’impact que celui-ci peut avoir sur la production langagière du locuteur principal. Or, l’interaction est un processus collaboratif et n’examiner qu’un des partenaires ne permet pas d’en saisir le processus global, ni les mécanismes qui sous-tendent la production verbale et gestuelle en contexte social.
Dans ce travail, nous nous intéressons aux mouvements de sourcils dans l’interaction en face-à-face en tant que ressource utilisée par les participants pour signaler un problème de compréhension. Notre objectif est de décrire la séquence interactionnelle dans laquelle apparait ce mouvement et les trajectoires interactionnelles dont use le locuteur pour résoudre le trouble de la compréhension qui a surgi.
Nous utilisons les outils qu’offrent la linguistique interactionnelle et la linguistique de corpus, pour mener une analyse systématique de ces phénomènes. Nous nous appuyons sur trois corpus présentant différents degrés de spontanéité et diverses activités interactionnelles. Après avoir identifié et annoté les mouvements de sourcils (haussement et froncement) et les séquences présentant un problème de compréhension (Weigand, 1999 ; Antaki, 2012), nous avons mené une analyse séquentielle sur une soixantaine d’extraits.
Cette recherche met en lumière le rôle des mouvements de sourcils en tant que ressource qui participe à rendre mutuellement reconnaissable un problème de compréhension, mais également en tant qu’indice de désalignement et de réalignement lors de ces dîtes séquences. De plus, nous évaluons les technologies permettant la détection automatique des mouvements de sourcils au travers de comparaisons entre les annotations manuelles et automatiques. Ce travail permet de mieux comprendre les mécanismes de l’interaction sociale dans toute la complexité multimodale qu’ils impliquent.